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De l’aide pour les personnes réfugiées, du soutien pour les communautés hôtes : notes de mission dans un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh

Les Rohingyas sont une minorité ethnique musulmane localisée principalement dans l’État de Rakhine, au nord de la Birmanie (appelée aussi Myanmar). Persécutés et marginalisés dans leur propre pays depuis des décennies, les Rohingyas sont considérés comme des apatrides; ils n’ont pas la nationalité birmane et n’ont aucune liberté de mouvement dans ce pays. Le 25 août 2017, la violence a éclaté entre l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (ARSA) et l’armée birmane dans l’État de Rakhine. Entre août et octobre 2017, plus de 600 000 Rohingyas ont fui la Birmanie par crainte des actions brutales de l’armée birmane, que le gouvernement canadien considère comme des actes constitutifs de génocide. La plupart d’entre eux vivent maintenant au Bangladesh, dans ce qui est devenu le plus grand camp de réfugiés au monde. Dominique Godbout, chargée de programme humanitaire de Développement et Paix – Caritas Canada, a visité ce camp récemment et rédigé quelques notes.

En marchant dans le camp de Kutupalong – Balukhali, dans le district de Cox’s Bazar au Bangladesh, je suis encouragée par les progrès accomplis par les réfugiés rohingyas depuis qu’ils ont fui la Birmanie il y a deux ans en raison de la violence déployée à leur égard. L’intensification de l’aide humanitaire a transformé les campements spontanés, établis sur des terrains dénudés, en camps organisés avec des infrastructures et des services. Des travailleurs journaliers rohingyas ont amélioré leurs conditions de vie en construisant des puits, des latrines, des ponts de bambou et des canaux de drainage, et en installant des lampadaires à l’énergie solaire.

Depuis le début de la crise, Développement et Paix – Caritas Canada et son partenaire local, Caritas Bangladesh, ont cherché à préserver la dignité des réfugiés rohingyas en fournissant des biens de première nécessité, comme des moustiquaires, des lampes solaires, des parapluies. Pour contourner la demande en bois de cuisson et ainsi prévenir la déforestation, nous avons fourni des fours modernes qui fonctionnent à l’aide de combustibles plus fiables et sécuritaires. Les abris de fortune ont été remplacés par des structures semi-permanentes, conçues avec les recommandations des personnes réfugiées, afin qu’elles soient plus confortables, durables et résistantes aux intempéries.  

Dans le camp, j’ai rencontré un réfugié qui construisait un de ces logements de moyen terme, et je lui ai demandé ce qu’il arrivait à faire avec le peu d’argent qu’il gagnait.  Je lui ai aussi demandé comment il se sentait de construire une maison qu’il n’occuperait pas et qui était plus confortable que la sienne. J’ai été marquée par sa réponse touchante : « Avec ce que je gagne, j’achète de la nourriture parce que les rations des Nations Unies ne sont pas suffisantes pour nourrir ma famille », avant d’ajouter : « Je suis heureux et fier de savoir qu’une famille encore plus démunie que la mienne pourra vivre dans de meilleures conditions grâce à mon savoir-faire ».


2018 – Abris temporaires construits peu de temps après l’arrivée des réfugiés rohingyas


2019 – Construction de logements de moyen terme sur une nouvelle extension du camp

Toutefois, malgré les progrès accomplis, la situation des plus de 900 000 Rohingyas vivant dans le plus grand camp de réfugiés au monde demeure extrêmement vulnérable. Les services de base, comme l’eau, les soins de santé, l’assainissement et le logement sont surchargés. Il existe un risque élevé de trafic humain, de violence sexuelle et domestique et d’épidémies. Les personnes réfugiées sont profondément affectées par la violence extrême qu’elles ont connue au Myanmar et par le stress quotidien. Leurs conditions de vie précaires sont exacerbées par les mauvaises conditions météorologiques, surtout pendant la mousson entre les mois de mai et de septembre.

La situation des communautés hôtes bangladeshies n’est pas tellement meilleure. Avec une population de 2,3 millions d’habitants, Cox’s Bazar est l’un des districts les plus vulnérables du Bangladesh. Ces communautés sont confrontées à une pauvreté extrême, une grande densité de population, aux désastres naturels fréquents et aux effets des changements climatiques.

Aux environs du camp, les Rohingyas sont deux fois plus nombreux que leurs hôtes bangladeshis. En discutant avec un groupe de femmes de la communauté hôte, j’ai été frappée de constater combien leurs conditions s’étaient dégradées depuis l’arrivée des réfugiés. Elles sont maintenant en compétition avec les personnes réfugiées pour les ressources naturelles comme la terre, l’eau, le poisson, le bois pour le feu, et pour les produits et services, particulièrement le travail, l’éducation, la santé et le transport. Malgré quelques efforts pour soutenir ces communautés, on estime qu’elles reçoivent beaucoup moins d’aide que les personnes réfugiées, ce qui suscite un mécontentement croissant. La situation continuera de se détériorer si on ne prend pas en compte ces tensions et à ces divisions. Il est donc urgent de trouver une réponse plus globale, qui tienne compte à la fois des réfugiés Rohingyas et des populations bangladeshies locales.

Conscient de cette situation, Développement et Paix – Caritas Canada s’attache avec Caritas Bangladesh à développer une réponse intégrant le soutien aux familles hôtes les plus vulnérables, particulièrement les femmes-chefs de famille, afin de les aider à entrer sur le marché du travail grâce à une combinaison d’initiatives d’« argent contre travail », de formation à l’agriculture et au jardinage, et de formation et de soutien au développement de petites entreprises. En plus d’améliorer la production, la nutrition et les revenus des familles, ces activités contribuent à restaurer un environnement dégradé, et à établir la confiance et la solidarité entre les personnes réfugiées et les communautés hôtes.  

Votre impact, deux ans plus tard

Grâce à la générosité des Canadiens et des Canadiennes et au financement d’Affaires mondiales Canada, Développement et Paix – Caritas Canada et son partenaire sont venus en aide à près de 100 000 personnes réfugiées dans les camps du district de Cox’s Bazar, et à 6 000 Bangladeshis affectés par l’afflux de réfugiés rohingyas. Notre nouveau projet appuiera les communautés hôtes pour une année. Il ciblera les groupes les plus vulnérables, avec une attention spéciale aux femmes.  

Les conditions pour un retour des réfugiés rohingyas, dans la sécurité et la dignité, sont loin d’être  réunies, votre soutien nous permettra donc d’aider plus de 200 000 personnes réfugiées et d’étendre nos initiatives aux familles des communautés hôtes.

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