Encore loin de la fin : escalade de l’horreur dans le nord-ouest de la Syrie

Près d’un million de personnes ont fui vers le gouvernorat d’Idlib au cours des derniers mois.

Ayant accueilli récemment des milliers de réfugiés syriens, les Canadiennes et les Canadiens pourraient être amenés à penser que le conflit s’est calmé dans ce pays.  Mais les événements récents et des rapports de partenaires de Développement et Paix — Caritas Canada indiquent plutôt que la guerre est loin d’être terminée, que le pire pourrait être encore à venir.

Une fin de conflit meurtrière ?

Près d’une décennie après le début d’une guerre civile impliquant de multiples belligérants aux alliances locales et internationales changeantes, c’est maintenant le régime de Bashar al-Assad qui contrôle la plus grande partie de la Syrie. Les forces anti-gouvernementales, dont certaines ont le soutien de la Turquie, se replient et se regroupent dans la région du nord-ouest, autour d’Idlib. Elles y mènent leur dernier combat.

Menant une offensive de plus en plus impitoyable pour reprendre cette région géopolitique stratégique, l’armée syrienne, soutenue par les Russes, rencontre une résistance acharnée de ses opposants armés.

Pris entre deux feux, des millions de civils vivent des souffrances indicibles. Leur situation déjà désastreuse risque de se transformer en la pire crise humanitaire qu’ait connue ce pays.

En fuite, affamés, gelés ou asphyxiés

Les derniers rapports du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) présentent un sombre tableau. Depuis décembre dernier, quelque 300 communautés ont changé de mains, passant des forces gouvernementales aux opposants armés, ou vice-versa. Les bombardements et les frappes aériennes ont fait fuir vers le nord-ouest les résidents de ces zones de combats acharnés. Plus de 948 000 personnes, dont 60% d’enfants, sont déplacées dans la région, augmentant de plus du tiers la population assiégée du gouvernorat d’Idlib.

Au cours des dix derniers mois, 1 746 civils, dont 338 femmes et 513 enfants, ont été tués au nord-ouest de la Syrie. Infrastructures en ruine, installations médicales inadéquates, souvent bombardées et mitraillées, lignes d’approvisionnement humanitaires bloquées, manque de nourriture, sont autant de menaces à la vie de ces populations.

Un hiver rude, avec des températures nocturnes oscillant autour de -7 oC, empire la situation. OCHA reçoit des témoignages parlant d’enfants mourant de froid et de gens asphyxiés par la fumée des feux qu’ils allument pour se réchauffer.

À mesure que l’avancée des troupes gouvernementales repousse les lignes de conflits vers les zones densément habitées, les populations civiles du nord-ouest de la Syrie, qui souffrent depuis si longtemps, se retrouvent au cœur d’une violence indicible, sans nulle part où aller. Leur sort risque de s’aggraver gravement au cours des prochaines semaines.

Un besoin urgent

Ayant soutenu des organisations syriennes depuis le début du conflit, Développement et Paix suit attentivement ce scénario de détérioration accélérée. Depuis la recrudescence des hostilités entre la Turquie et la Syrie, nous sommes extrêmement préoccupés par la sécurité des personnes déplacées. Entre ces personnes et la mort certaine qui les attend, il ne reste qu’une petite poignée de groupes de la société civile, affaiblis mais tenaces. Depuis  2012, nos partenaires ont soutenu les populations les plus vulnérables en fournissant des repas, des rations alimentaires, des trousses d’hygiène, des abris, du matériel sanitaire et autres fournitures d’urgence.

Pour que leur travail soit efficace, il faut que les convois humanitaires puissent circuler en sécurité et que les camps d’urgence soient considérés comme des zones sécuritaires. La communauté internationale doit faire pression sur les parties au conflit afin de fournir ces garanties et travailler à la désescalade et à des solutions pacifiques.

Le besoin le plus urgent à court terme est l’argent. OCHA estime que les besoins se chiffrent à 500 millions de dollars américains pour les six prochains mois. Votre générosité peut aider nos partenaires à sauver des vies et apporter un peu de dignité à la population de Syrie.

* Photos : L’Association syrienne de secours et de développement (SARD)

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