La COP 24 se conclut sur des règles d’application et quelques avancées, mais il faudra plus de solidarité pour faire face aux changements climatiques

Après deux semaines de négociations, la conférence annuelle des Nations Unies sur le changement climatique (COP24), qui s’est tenue à Katowice en Pologne, a réussi à adopter des règles d’application de l’accord de Paris pour définir comment les pays rendront compte de leurs émissions. Toutefois, l’urgence de cette crise du climat ne semble pas avoir été bien intégrée dans ces négociations entre les leaders mondiaux. 

Dans le récent rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les experts nous mettaient en garde contre les effets catastrophiques d’un réchauffement climatique qui excéderait 1,5 ˚C : augmentation d’incendies dévastateurs, d’inondations et de famines. Actuellement, la planète se réchauffe environ de 0,2 ˚C par décennie. Le rapport du GIEC affirme clairement que nous sommes à un moment d’urgence climatique et que, pour sauver notre planète, nous devons tous, gouvernements nationaux, municipaux, secteur privé et citoyens, faire des changements radicaux dans nos politiques et nos modes de vie.  

Une fois les négociateurs rentrés chez eux, chaque pays doit maintenant mettre en place des mesures plus sévères pour maintenir le réchauffement sous la limite du 1,5 ˚C. Des progrès ont été réalisés sur la question du financement climatique pour aider les pays les plus pauvres à mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation, même s’il n’y a pas eu d’engagements financiers fermes. Les négociations en Pologne ont été difficiles, étant donné l’annonce par les États-Unis et le Brésil, de leur retrait de l’accord de Paris en 2020. Le gouvernement brésilien a aussi annulé son engagement à tenir la conférence annuelle de la COP en 2019. 

Afin d’en arriver à une entente, des questions litigieuses ont été reportées à l’an prochain, y compris les mécanismes d’un système d’échange des émissions, et l’établissement de cibles plus ambitieuses pour tenir compte des dernières données scientifiques qui montrent l’aggravation du changement climatique.  

 

Le Canada doit faire beaucoup plus pour remplir ses engagements

Dans les villes canadiennes et un peu partout dans le monde, des citoyens sont sortis dans la rue pour demander des actions plus ambitieuses de la part de nos gouvernements afin de protéger notre planète pour les futures générations. Le Canada devra se montrer ambitieux et audacieux s’il veut mettre en place une transition juste vers des systèmes durables sur le plan énergétique, agricole et des transports. Le gouvernement canadien devra aussi remplir ses obligations d’aide aux pays en développement, qui ne sont pas responsables de cette crise, mais qui en subissent les impacts les plus dévastateurs. Au cours des négociations, le Canada a contribué au consensus entre les pays, mais il n’a pas réitéré son engagement à se doter de plans plus stricts de diminution de ses émissions d’ici 2020, comme la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, s’y était engagée avant la rencontre. Pour démontrer que le Canada fait sa part, la ministre McKenna devra annoncer rapidement que le gouvernement entamera, en 2019, un processus pour aligner nos engagements climatiques à la cible du 1,5 ˚C. 

L’Église catholique et ses membres continuent de s’engager dans des actions audacieuses pour le climat, y compris le Saint-Siège qui a plaidé pour « une action urgente et un besoin urgent d’une nouvelle solidarité » dans ces pourparlers sur le climat.  

Dans sa déclaration finale, la délégation du Saint-Siège a exprimé sa déception que le texte : « semble minimiser les droits de l’homme, qui jouent un rôle essentiel dans la réflexion sur le visage humain du changement climatique, qui touche les populations les plus vulnérables de la planète. Leur cri et celui de la Terre demandent plus d’ambition et plus d’urgence ».  

Pour Développement et Paix – Caritas Canada, les politiques climatiques doivent être fondées sur la solidarité, puisque nous formons une seule famille humaine qui partage une maison commune. Selon Serge Langlois, directeur général de Développement et Paix : « Il nous faut considérer les personnes et l’environnement avant le profit si nous voulons préserver notre planète pour les générations à venir ».