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Les évêques demandent aux leaders du Soudan du Sud de s’attaquer aux causes profondes du conflit plutôt qu’au partage du pouvoir

Développement et Paix — Caritas Canada appuie l’appel que les leaders de l’Église du Soudan du Sud adressent au futur gouvernement de transition du pays, attendu depuis si longtemps, de s’attaquer aux causes profondes du conflit.

Plus tôt cet automne, les principaux belligérants, le président Salwa Kiir et le chef rebelle Riek Machar, se sont entendus pour former un gouvernement de transition d’unité nationale, en date du  12 novembre 2019. À l’approche de cette date, les Évêques catholiques et les Ordinaires du Soudan du Sud ont publié une lettre ouverte, intitulée Let the Cry for Peace and Justice of the People of South Sudan be Listened to and Respected (Que le cri du peuple du Soudan du Sud pour la paix et la justice soit entendu et respecté).

Cette lettre demande pourquoi les efforts de paix portent surtout sur le partage du pouvoir entre quelques personnes, plutôt que de s’attaquer aux causes profondes des conflits. Elle rappelle aussi à Kiir et à Machar qu’un gouvernement ne peut avoir de légitimité que s’il résout le conflit et amène au peuple la paix, la justice, la sécurité, les services essentiels et la bonne gouvernance.

Un passé sanglant

En raison d’un ensemble complexe de facteurs historiques, sociaux, économiques et géopolitiques, le Soudan a connu des décennies de conflits interethniques. La paix semblait pourtant à portée de main quand le Sud du pays, majoritairement catholique, a gagné son indépendance, en 2011, face au Nord essentiellement musulman.

Toutefois, les espoirs pour un Soudan du Sud pacifique ont été anéantis en 2013, quand le président Kiir a accusé le vice-président Machar d’avoir planifié un coup d’État, et qu’il l’a congédié. Cela a déclenché un conflit entre leurs bases respectives. La guerre civile qui s’en est suivie a causé la mort de près de 400 000 personnes, et déplacé le tiers des 12 millions d’habitants que compte le pays.

Un espoir pour l’avenir?

Sous la pression internationale, Kiir et Machar ont signé un armistice en juin 2018 pour mettre fin à ce qui était devenu la guerre civile la plus sanglante d’Afrique. Cette avancée était si importante et porteuse d’espoir que le pape François s’en est ému au point d’embrasser les pieds des deux leaders et de les supplier de renoncer à jamais à la violence.

Les Sud-Soudanais attendent beaucoup de ce gouvernement d’unité que Kiir et Machar doivent former. La participation des deux factions au gouvernement permettra, on l’espère, de promouvoir la paix et la stabilité. Malheureusement, malgré des mois de pourparlers, les deux parties ne se sont pas encore entendues sur les termes. La demande de Machar de retarder le processus pour un autre six mois indique qu’il reste encore beaucoup à faire avant que les politiciens ne s’élèvent au-dessus de leurs préoccupations de partage du pouvoir, comme le  demandent les évêques et les ordinaires.

Des efforts continus

Pendant que les puissants marchandent leur pouvoir, les évêques et les ordinaires voient le peuple sud-soudanais aux prises avec la violence, la pauvreté, le manque de services de base, la corruption, les conflits autour des ressources, de la terre, des pâturages, de l’eau et du bétail.

Depuis la création même de l’État du Soudan du Sud en 2011, Développement et Paix a contribué aux efforts de construction de la paix et de fourniture d’aide entrepris par l’Église. Nous soutenons plusieurs projets de la Caritas du Soudan du Sud qui aident les populations affectées par les conflits à avoir une vie plus digne et un avenir plus prometteur. Dans les diocèses de Juba, Malakal, Rumbek, Wau, Tombura-Yambio, Torit et Yei, ces projets renforcent les activités agricoles, fournissent des abris et font la promotion de la réconciliation entre les communautés autrefois en guerre.

Jusqu’ici, on a accordé de l’aide alimentaire à 1 055 ménages et de l’aide en espèces à 385 des ménages les plus pauvres. De l’aide non alimentaire a aussi été accordée, comme des couvertures, des moustiquaires, des tapis de sol. La fourniture de semences a permis à 500 ménages de cultiver du maïs, du sorgho, des haricots, des arachides, des oignons, des gombos et des aubergines. Bientôt, des ateliers de construction de la paix et de réconciliation permettront de rejoindre plus de 13 000 participants.

Développement et Paix poursuit son engagement auprès des populations du Soudan du Sud. Nous continuerons de soutenir les efforts de nos partenaires afin d’assurer des services de base aux communautés, de restaurer leur résilience et de faire avancer la quête de la paix et de la prospérité. Nous ajoutons notre voix à celle des évêques et des ordinaires pour demander aux leaders du pays de s’attaquer en priorité à la bonne gouvernance dont leurs compatriotes ont le plus grand besoin et qu’ils espèrent.

Crédit photo : P. Nicholson, Caritas Internationalis.

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