« Un drame souvent invisible »

La Journée mondiale du migrant et du réfugié est l’occasion de se rappeler que partout dans le monde, les personnes déplacées, telles que les personnes réfugiées Rohingyas, ont besoin de toute l’aide que les Canadiennes et les Canadiens peuvent offrir.

Dans son message à l’occasion de la 106ème Journée mondiale du migrant et du réfugié, le pape François décrit la situation des personnes déplacées comme « un drame souvent invisible que la crise mondiale causée par la pandémie de la COVID-19 a exacerbé. »

En choisissant comme thème de cette journée « Contraints de fuir comme Jésus-Christ », le pontife a écrit « l’Enfant Jésus fait l’expérience, avec ses parents, de la condition tragique de personne déplacée et de réfugié….». Il ajoute : « De nos jours, hélas, des millions de familles peuvent se reconnaître dans cette triste réalité. »

Le sort des personnes migrantes et réfugiées est une triste réalité et une préoccupation constante pour Développement et Paix — Caritas Canada.

Destitution et dignité 

L’exode des Rohingyas de la Birmanie a commencé en 2017. Leur persécution par les forces armées birmanes, reconnue comme génocide par le Canada, est un cas de jurisprudence à la Cour internationale de justice.

Près d’un million de personnes réfugiées rohingyas se sont exilées au Bangladesh, et la majorité se sont retrouvées dans des camps pour personnes réfugiées, où elles ont dû faire face au manque de nourriture, d’abris, d’éducation, de soins de santé et d’opportunités de travail. Les populations hôtes du Bangladesh, très pauvres elles aussi, partagent ces mêmes obstacles.

Dès leur arrivée, ces communautés ont reçu l’aide de Caritas Bangladesh, le partenaire de Développement et Paix dans le pays. La générosité des Canadiennes et des Canadiens au fil des dernières années permet à Caritas d’apporter espoir et dignité aux personnes réfugiées et à leurs communautés hôtes.

Après avoir répondu aux besoins pressants des réfugiés en termes d’abris, de nourriture, d’eau et d’hygiène, Caritas Bangladesh a lancé un programme participatif et durable afin d’améliorer les conditions de logement et les conditions sociales et économiques des personnes réfugiées. Cet effort est actuellement soutenu par Affaires mondiales Canada, qui finance un projet à hauteur d’un million de dollars.

Une approche qui fonctionne

À titre de chef de programme pour la réponse de Caritas Bangladesh à la crise des Rohingyas, Abdullah Fuad a récemment supervisé l’élargissement des activités à deux nouveaux camps. Il raconte : « Au début, les gens ne comprenaient pas ce que nous faisions, et leur coopération était minimale. Maintenant, ils nous font confiance. La chose la plus importante est d’établir de bonnes relations avec la communauté, peu importe où nous travaillons. »

Afin de bâtir ces relations, Caritas Bangladesh agit non pas en tant que pourvoyeur, mais en tant que partenaire. Au sujet du travail de réhabilitation des abris, il explique : « Nous n’imposons pas de plans aux communautés, nous écoutons leurs points de vue. Nous fournissons les matériaux qu’ils préfèrent, et les formons pour qu’ils puissent travailler comme ouvriers. Cela leur fournit l’occasion de gagner un peu d’argent. Les gens s’approprient ainsi leurs logements et leur environnement. C’est plus durable quand on agit ainsi. »

Les défis actuels et émergents

Caritas Bangladesh rencontre de nombreux défis dans son travail quotidien, particulièrement depuis que l’accès aux camps est restreint à cause de la COVID-19. Les travailleurs de l’aide n’ont accès aux camps qu’entre 10 h et 16 h. « Après cela, il est difficile de savoir ce qui s’y passe. De temps en temps, nous entendons parler de réfugiés qui se sont fait attaquer et voler, » ajoute Fuad.

Même si ceux-ci sont supposés être confinés dans les camps, certains s’arrangent pour en sortir et se mêler à la population locale. « On rapporte que certains Rohingyas sont engagés dans le vol et le trafic de drogue, » dit Fuad. Cela alimente la suspicion et le ressentiment de certains membres des communautés hôtes qui craignaient ces comportements depuis l’arrivée des Rohingyas chez eux.

« Dans la communauté hôte, on craint ce qui arrivera quand le soutien international aux Rohingya diminuera. C’est tout un défi de tracer un équilibre entre les besoins des communautés hôtes et des Rohingyas, » ajoute-t’il. C’est pourquoi Développement et Paix finance aussi de la formation et des solutions pour les micro-entrepreneurs au sein de la communauté hôte, en se concentrant particulièrement sur les femmes cheffes de ménage, qui sont les plus vulnérables à l’insécurité économique.

La pandémie ajoute des complications supplémentaires. « Au cours du mois dernier, il y a eu une flambée importante de cas de COVID-19 dans le camp. Les travailleurs humanitaires sont donc aussi exposés à la COVID-19 ici. Nous espérons qu’il n’y aura pas un autre confinement dans ce secteur, » dit Fuad.

Caritas Bangladesh a mis en place de solides mesures d’hygiène, de distanciation et d’éducation sanitaire, mais ce qui inquiète le plus Fuad, ce sont les impacts économiques de la pandémie. Il ajoute : « Des années de développement sont balayées par la COVID-19 dans ce pays. Un grand nombre d’entreprises ont disparu. Il y a un chômage massif. »

Solutions de solidarité

Choisissant de voir la COVID-19 comme un stimulant de la solidarité, le pape François espère que « nous pourrons comprendre que cette précarité dont nous avons fait l’expérience dans la souffrance à cause de la pandémie est un élément constant de la vie des personnes déplacées. » Il recommande d’opter pour « la coopération internationale, la solidarité globale et l’engagement local, sans laisser personne en dehors. »

Présent en première ligne, Fuad dit les choses plus directement : « C’est maintenant que les gens souffrent vraiment. Alors, si vous le pouvez, aidez-nous! Je demande aux donateurs de faire plus, pour que nous soyons capables de faire plus pour les pauvres de ce pays, tant les Rohingyas que les Bangladeshis. »

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