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Une lettre envoyée au premier ministre Trudeau exprime des préoccupations face aux conditions qui forcent les Honduriennes et les Honduriens à fuir leur pays

Développement et Paix – Caritas Canada a fait parvenir une lettre au premier ministre Trudeau afin d’exprimer sa préoccupation face à la pauvreté et à l’incertitude qui poussent les Honduriennes et les Honduriens à fuir leur pays – une situation que le Canada a lui-même contribué à créer.  

En octobre dernier, un groupe d’Honduriens a pris la route vers les États-Unis, en quête d’une vie meilleure et d’un meilleur avenir; dernièrement, une nouvelle caravane a entrepris le même périple.  Malheureusement, ces caravanes de migrantes et de migrants sont utilisées pour nourrir les sentiments anti-immigrants, plutôt que d’élargir la discussion sur les responsabilités du Canada et des États-Unis face aux mauvaises conditions de vie qui ont provoqué la formation de ces caravanes – et sur notre obligation d’offrir un refuge à ces personnes. 

Imaginez le tollé si, un jour, notre premier ministre se voyait chassé de chez lui et embarquait, en plein milieu de la nuit, dans un avion vers un pays voisin. Pendant ce temps, des militaires prendraient le contrôle et mettraient en place un leader non élu qui ignorerait l’État de droit.  Nos alliés interviendraient certainement. Le monde serait en état de choc. Cela ne pourrait pas arriver parce que nous vivons dans une société basée sur des principes démocratiques et nous nous attendons à ce que nos droits soient respectés.  

Mais quand cela est arrivé au président hondurien Manuel Zelaya en 2009, comment avons-nous réagi ? En ne faisant rien. Zelaya, qui avait contrarié les élites du pays en faisant respecter les droits fonciers des communautés autochtones et paysannes, proposait de discuter d’un référendum qui permettrait d’augmenter le nombre de mandats présidentiels. Avant que cela ne puisse se réaliser, il a été forcé de s’exiler au Costa Rica par un coup d’État militaire. Les États-Unis et le Canada se sont montrés particulièrement silencieux après ce coup d’État, malgré la condamnation de la communauté internationale, et notamment de l’organisation des États américains (OÉA) qui a banni le Honduras de son organisation. Depuis, la démocratie est demeurée fragile et malgré l’appel de l’OEA pour de nouvelles élections après le scrutin de 2017, les États-Unis ont accordé leur appui au vainqueur proclamé, Juan Orlando Hernandez, dont la corruption et les abus des droits humains sont dénoncés universellement. Et le Canada a suivi.   

Au cours des dix années qui ont suivi le coup, le Canada s’est montré très proactif dans ses relations économiques avec le régime du Honduras. En 2014, le Canada a signé un accord de libre-échange avec le Honduras et fourni le soutien technique pour une révision du code minier qui permette aux compagnies étrangères d’exploiter leurs concessions minières avec une plus grande facilité. Cela a ouvert la porte aux compagnies canadiennes, qui, à un certain moment, possédaient jusqu’à 90% des investissements miniers étrangers dans ce pays.

Aujourd’hui, 60% de la population hondurienne vit dans la pauvreté et le pays a le taux d’inégalité économique le plus élevé en Amérique latine.  Plusieurs des Honduriennes et des Honduriens qui sont dans la caravane sont de petites agricultrices et de petits agriculteurs qui ont perdu leurs récoltes à cause des sécheresses et des inondations causées par les changements climatiques – qui sont surtout le fait des pays occidentaux. Le Honduras est devenu l’un des endroits les plus dangereux de la planète – particulièrement pour les défenseurs des droits humains. Lorsque les communautés posent des questions sur les projets miniers ou énergétiques sur leurs territoires, elles sont menacées et des gens sont même tués par les forces de sécurité et les forces de l’ordre, comme cela a été tragiquement le cas en 2016 pour Berta Cáceres, leader autochtone environnementaliste.

Même si le Canada est l’un des principaux contributeurs à la Mission des Nations Unies sur les droits humains au Honduras, il doit faire davantage. Tant que les gouvernements occidentaux, dont le Canada, continueront de contribuer aux causes des migrations forcées plutôt que de faire partie de la solution, comme de soutenir la démocratie locale et les droits humains – ce qui permettrait aux gens de divers horizons sociaux de vivre dans la dignité – et de se préoccuper des changements climatiques, alors oui, les gens continueront de fuir leurs foyers en quête d’une vie meilleure, pour eux et leurs enfants. Et nous devons les accueillir à bras ouverts, comme nos gouvernements ont accueilli un régime qui place le profit au-dessus du bien-être de sa population.

Cliquez ici pour télécharger la lettre au format PDF.

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