C’est la question qui a été posée par Micheline (Mika) Lévesque, chargée des programmes pour l’Asie, lors de notre assemblée régionale de la Saskatchewan, le vendredi 5 mai 2023. J’ai trouvé la question très frappante alors que nos membres de toute la région de la Saskatchewan et du Keewatin-Le Pas se réunissaient en personne à Saskatoon, pour la première fois depuis près de quatre ans.
Les questions qui nous avaient hantées pendant la pandémie ― comment garder tout le monde en sécurité, en particulier nos membres les plus âgé·e·s, y aurait-il un autre confinement, la situation s’aggraverait-elle ― se sont toutes évanouies au moment où j’ai vu nos premiers membres arriver dans notre espace de réunion, où j’ai allumé mon ordinateur et mon projecteur et où j’ai regardé la vice-présidente Tashia Toupin commencer notre reconnaissance du territoire. Nous étions là pour expérimenter le sentiment de communauté et de solidarité d’une assemblée régionale, pour réaffirmer notre mission en tant que communauté et pour redécouvrir le charisme unique de notre organisation dans le travail de développement.
Ensuite, je me suis consacré à ma seule tâche de la fin de semaine : faire en sorte que notre réunion soit accessible par Zoom à notre public, composé de membres de toute la province et, surtout, à Mme Lévesque, notre conférencière d’honneur de Montréal.
Dans son discours d’ouverture, Micheline Lévesque, chargée de programmes pour l’Asie, a partagé ses idées, ses anecdotes et ses expériences.
Elle a commencé par partager sa passion pour la justice sociale, en racontant ses décennies d’expérience dans les projets de développement, en particulier en Asie du Sud-Est. Mme Lévesque a également expliqué ce qu’on entend par développement, et plus particulièrement par développement durable.
Nos projets à travers le monde impliquent des partenaires enthousiastes et engagés qui s’efforcent de donner aux gens les moyens de s’opposer à la dictature du profit, qui vise à faire gagner le plus d’argent possible à une petite minorité, le plus rapidement possible. Ce système d’oppression, parfois présenté de manière perverse comme le « développement », est à l’origine de la pauvreté dans le monde. Mme Lévesque a expliqué comment nous travaillons au Canada et dans les pays du Sud pour démanteler ces systèmes d’oppression gouvernés par le profit.
Mme Lévesque a raconté de nombreuses histoires liées à son travail sur le terrain, et les personnages qui en sont ressortis vivants et solides : Une femme qui est devenue leader agricole ; elle élevait fièrement ses poulets et partageait ses connaissances avec sa communauté ; également une coopérative formée par des paysan·ne·s cambodgien·ne·s s qui a créé un système de gestion durable de l’eau pour non seulement partager l’eau entre huit ou neuf familles d’agricultrices et agriculteurs, mais aussi pour produire trois récoltes de riz par an, un exploit que personne n’avait réalisé auparavant. Enfin, nous avons entendu parler d’un jeune garçon qui a réussi à créer une distributrice automatique de nourriture pour les poulets à partir de pièces de rechange. J’ai été époustouflé par l’ingéniosité et le dynamisme de nos partenaires locaux sur le terrain. Ils sont vraiment très compétent·e·s et débrouillard·e·s !
Pour répondre à sa question sur ce qui nous rend uniques, Mme Lévesque a mis l’accent sur les membres, les plus de 11 000 Canadiennes et Canadiens qui font partie de Développement et Paix ― Caritas Canada, ainsi que les milliers d’autres personnes qui donnent régulièrement et qui soutiennent notre mission.
Elle nous a raconté l’histoire de son premier mois de décembre avec nous. Voyant une pile d’enveloppes sur le bureau de la réceptionniste, elle a demandé ce que c’était. La réceptionniste lui a répondu : « Ce sont des dons de personnes canadiennes de tous horizons ». Lorsqu’elle en a vu le contenu, Mme Lévesque a été très émue : 20 $ de Toronto, 200 $ de la Colombie-Britannique, etc. Selon elle, la valeur de ces dons dépasse leur montant. « Disons que le gouvernement canadien me donne [une subvention pour un projet]. La valeur ne serait pas la même que celle de tous ces gens, de tous ces Canadiennes et Canadiens qui donnent 15, 20, 100, 1 000 $. Pour moi, c’est vraiment cela la magie de Développement et Paix, et vous en êtes le cœur ».
Alors que notre assemblée régionale se poursuivait au cours du week-end, les paroles de Mme Lévesque se sont répercutées dans chacune de nos sessions ! Son discours a vraiment touché une corde sensible chez les membres réuni·e·s. Je souhaite à mes consœurs et confrères de tout le Canada le meilleur des succès alors qu’elles et ils se réuniront pour leurs propres assemblées régionales (trouvez celle de votre région ici). Nous avons vraiment beaucoup à célébrer en tant que mouvement de membres.
Par Nicolas Kalgora, animateur au Nouveau-Brunswick
Le Carême de partage 2023, une période cruciale de collecte de fonds pour Développement et Paix ― Caritas Canada, s’est terminé en toute beauté pour nos membres dans le diocèse d’Edmundston au Nouveau-Brunswick. L’organisation d’un concert bénéfice c’était une première pour les personnes organisatrices : Chanter pour égailler le public, faire connaître davantage l’organisation qu’elles et ils soutiennent depuis des dizaines d’années et bien sûr, récolter plus de 5 000 $ à son profit.
De l’idée au résultat, le processus d’organisation
D’aucuns diront que c’est une idée de Reine Gauthier, membre du comité exécutif du diocèse d’Edmundston, mais selon Reine : « C’est mon idée, mais c’est le fruit de collaboration de beaucoup de personnes ! ».
En effet, Reine Gauthier fait aussi partie de la chorale « La Joie des Ainés-es » dont la principale mission est de chanter dans les foyers de soins afin d’apporter un moment de bonheur aux résidentes et résidents. Ce printemps, le groupe a déjà chanté dans six foyers de soins de la région. « Nous interprétons des chants d’aujourd’hui et d’autrefois. Les résidentes et résidents sont très heureux de nous recevoir et souvent nous les voyons pleurer en entendant des airs connus de leur jeunesse qui leur rappellent des souvenirs ».
C’est lors de cette tournée des foyers de soins que Reine a eu l’inspiration de chanter également pour Développement et Paix ― Caritas Canada. « J’ai eu l’idée de demander à notre chef de chœur, M. Paul Hébert, s’il serait possible de faire un concert au profit de l’organisation. Il m’a répondu oui sans aucune hésitation ». Toutefois, le chef Hébert avait une condition : d’avoir une deuxième chorale participante. Reine a rapidement contacté M. Morel Morneault, chef de chœur de la chorale « Les Balladins du dimanche » un groupe qui se réunit pour partager leur amour de la musique et du chant choral à quatre voix mixtes, à qui elle posa la même question. Cela a été une surprise agréable quand M. Morneault répondit par l’affirmative. Rien ne pouvait donc retenir notre bénévole, convaincue qu’il ne restait plus qu’à embarquer les autres membres du conseil diocésain. Chose qui s’est avérée facile !
« Avec Ghislaine Clavet (chargée du recrutement au comité exécutif du Conseil diocésain,) nous avons formé un comité et déterminé le rôle de chaque personne : impression des billets, coût, distribution, vente, publicité, etc. ». En plus des autres membres de Développement et Paix – Caritas Canada, les choristes étaient heureuses et heureux de collaborer en vendant des billets à leurs parents et ami·e·s. Les Chevaliers de Colomb n’étaient pas du reste, puisqu’en acceptant d’être le commanditaire officiel, ils se sont occupés de l’impression de billets d’entrée et ont également fait un don.
Pour faire connaître davantage le projet au grand public, Reine et les autres membres bénévoles ont fait de la publicité dans les feuillets paroissiaux et à la radio avec Claudia Lolot (chargée des communications du comité exécutif du Conseil diocésain). Claudia a fait un excellent travail dans les médias sociaux, entre autres, sur la page Facebook de Développement – Paix, Nord-Ouest NB. Pour booster la promotion de l’événement, un extrait de chaque chorale fut enregistré pendant les répétitions et publié sur les réseaux sociaux, suscitant aussitôt des appels pour réclamer les billets. De plus, une vente de moitié/moitié eut lieu à la porte le jour du concert, le dimanche 30 avril, pour augmenter les recettes.
De beaux résultats, une inspiration pour les membres
Pour la présidente du conseil diocésain d’Edmundston, Nicole Décarie « Cet évènement a été un succès sur toute la ligne, deux chorales nous ont présenté des chansons qui nous ont réchauffé le cœur. Une excellente participation des gens nous a permis de récolter le montant de 5 022 $ ». Nicole a exprimé sa reconnaissance tout en remerciant l’instigatrice de cette activité, Reine Gauthier, ainsi que tous les membres de Développement et Paix – Caritas Canada qui ont participé à la vente de billets et celles et ceux qui en ont achetés. Ses remerciements vont spécialement vers les deux directeurs des chorales, M. Paul Hébert et M. Morel Morneault, ainsi que les choristes, la pianiste et la violoniste pour leur belle collaboration qui a fait du concert un grand succès.
Ghislaine Clavet, une des membres impliquées dans l’organisation de l’événement depuis le début, se réjouit du fait que la quasi-totalité des billets du concert, soit environ 300 billets, ait été vendue. Elle se dit également : « Très heureuse de cette nouvelle expérience qui a donné de beaux résultats. D’abord, les gens ont beaucoup aimé le concert qui était très bien. Les deux chorales avaient un beau choix de chants axés sur l’amour, la paix, l’espoir et la liberté qui sont d’ailleurs des valeurs de Développement et Paix – Caritas Canada. De plus, cette activité nous a donné beaucoup de visibilité dans les médias et surtout auprès des participantes et participants au concert ». Ghislaine espère que cette nouvelle initiative pourra se répéter dans le futur « avec des chorales, des groupes de danse, des musicien·e·s ou autres ».
Pour Développement et Paix – Caritas Canada, ce concert est une belle initiative de plus à saluer. L’événement s’ajoute à la liste d’activités que nos vaillants membres savent très bien organiser à travers le pays pour soutenir notre travail de solidarité internationale. Au-delà de l’argent récolté, qui est toujours utile, le plus important est de rendre visible et active notre organisation partout au Canada afin d’attirer plus de sympathisant·e·s et de membres qui adhèrent aux causes que nous défendons, notamment, la justice pour toutes et tous, la paix et surtout l’option préférentielle pour les pauvres.
Par Luke Stocking, directeur de l‘engagement public
« Chers ami·e·s de Janet… » C’est ainsi que commençaient les courriels nous informant, moi et d’autres, de la dégradation de la santé de Janet Somerville. Elle est décédée le 16 avril 2023, à l’âge de 84 ans. Il y a peu de femmes catholiques laïques comme elle dans l’histoire de l’Église au Canada. Chez Développement et Paix ― Caritas Canada, nous rendons hommage à sa contribution au Canada, à l’Église et au monde entier à travers son engagement dans notre mission de solidarité internationale. Elle était une membre extraordinaire au sein de notre organisation.
En 1967, année de la mise sur pied de Développement et Paix ― Caritas Canada, Janet réalisait les conférences Massey de la CBC, intitulées « Conscience pour le changement ». Le conférencier était le Dr Martin Luther King, Jr.
C’était une femme aux multiples honneurs : réalisatrice et fondatrice de l’émission Ideas de la CBC ; première femme catholique romaine à obtenir un diplôme d’études supérieures en théologie à la faculté de théologie de l’université de St. Michael’s College ; première catholique et première femme à occuper le poste de secrétaire générale du Conseil canadien des Églises ; récipiendaire de l’Ordre du Canada ; la liste est longue. Les médias ont rendu de merveilleux et nombreux hommages à Janet, notamment la CBC et le Catholic Register (articles en anglais).
Cependant, la plus importante de ses distinctions est peut-être son engagement à prendre soin de celles et ceux qu’elle aimait. Elle a même refusé de joindre le Dr King en tant que rédactrice de discours après les conférences Massey, parce qu’elle était proche aidante pour sa mère. Elle était un pilier de la communauté de sa paroisse, Our Lady of Lourdes à Toronto, qui se trouvait à quelques pas de son domicile.
Mme Bernadette Whalen, qui la connaissait depuis plus de 40 ans, a déclaré : « Janet est l’une des personnes les plus généreuses, les plus gentilles et les plus compatissantes que j’aie jamais rencontrées. Elle prenait soin de tout le monde et, grâce à son cœur généreux, elle ne savait pas dire non. Elle a aidé plus de gens qu’elle ne l’aurait jamais cru. Elle suivait ce que Dieu nous dit de faire. »
À Développement et Paix ― Caritas Canada, nous rendons un hommage particulier à Janet pour son engagement en faveur de la solidarité internationale, qu’elle a exprimé, entre autres, en tant que membre de notre organisation. Elle n’était pas seulement une membre individuelle et une donatrice. Janet a été l’une des membres fondatrices de notre groupe paroissial à Our Lady of Lourdes, aux côtés de Sr Hazel Campayne et Mme Wendy McCreath, l’actuelle responsable du groupe, dont Janet est restée une membre fidèle jusqu’à la fin de sa vie, elle nous partage la réflexion suivante.
« Elle apportait toujours ses idées honnêtes et incisives aux discussions. Elle adorait écrire des lettres, comme celle qu’elle a rédigée pour protester contre la réduction des fonds alloués à DPCC. Elle aimait rédiger des messages à l’intention de la congrégation, qui étaient diffusés lors du dimanche de solidarité. Bien que le pasteur ait dit que nous ne pouvions pas disposer de plus de deux minutes, Janet parlait souvent jusqu’à cinq minutes. Je haussais les épaules et disais : ‘C’est Janet !’ »
« Lorsque nous avons mené la campagne des semences, Janet, Michael Arbour et moi-même sommes allés parler à la députée Chrystia Freeland de nos inquiétudes quant à la viabilité de notre secteur agricole. Mme Freeland a répondu qu’elle était sur la même longueur d’onde que nous, parce qu’elle a grandi dans une ferme en Alberta. Janet s’est montrée persuasive et passionnée pour notre cause, mais de façon courtoise. »
« Lorsque la pandémie s’est atténuée et que nous avons repris les rencontres en personne, Janet est venue à quelques réunions. Mais il devenait évident que ses facultés n’étaient plus là, et elle a finalement cessé de venir. C’est alors que les membres de notre groupe ont commencé à lui rendre visite à son domicile et ont essayé de la soulager dans les derniers jours de sa vie. »
Janet a touché tant de personnes dans la communauté de notre organisation, même celles qu’elle ne connaissait pas personnellement. Mme Sylvia Skrepichuk, ancienne membre du conseil national, a écrit : « C’était une femme brillante et accomplie, qui a été inspirée par l’appel de Vatican II à donner plus de pouvoir aux laïcs et qui a pris cet appel au sérieux. En tant que laïque dans l’Église catholique, je suis inspirée par son leadership et son engagement en faveur de la justice, de la foi et de l’œcuménisme. Elle a laissé un héritage durable. »
Un héritage durable, en effet. En tant qu’ami·e·s, nous disons : « Janet Somerville, ¡ Presente ! »
Par Veronica Stupecka, stagiaire, Développement et Paix ― Caritas Canada
De nombreux survivant·e·s de la catastrophe du Rana Plaza n’ont d’autre choix que de continuer à travailler dans l’industrie de la confection délocalisée au Bangladesh. (Narayan Debnath/DFID, Wikimedia Commons)
Développement et Paix ― Caritas Canada et d’autres organisations de la société civile se mobilisent pour commémorer les plus de 1 100 personnes qui ont péri dans la catastrophe du Rana Plaza en 2013. Nous demandons également au Canada d’adopter des lois strictes sur la diligence raisonnable. Cet éditorial fait valoir que de telles lois sont nécessaires pour mettre fin à l’impunité avec laquelle de nombreuses entreprises canadiennes et leurs agences et fournisseurs dans les secteurs de l’habillement et de l’extraction ne respectent pas les droits humains et l’environnement à l’étranger.
En 1989, Wendell Berry, un romancier, poète, écologiste, critique et paysan américain, a fait un discours de fin d’études au College of the Atlantic, un établissement du Maine qui se spécialise dans l’écologie humaine. Dans ce discours devenu célèbre, M. Berry a posé la question suivante : « Comment décrire la différence entre la guerre moderne et l’industrie moderne – entre, disons, le bombardement et l’exploitation minière intensive, ou entre la guerre chimique et la fabrication de produits chimiques ? » Il a répondu : « La seule différence semble être que, dans la guerre, la victimisation des êtres humains est directement intentionnelle et que, dans l’industrie, elle est ‘acceptée’ comme un ‘compromis’. »
Les conditions déplorables dans l’industrie manufacturière et minière dans les pays du Sud sont souvent considérées comme un mal nécessaire, voire inévitable, surtout lorsqu’elles impliquent des entreprises occidentales. Il est rare que l’on demande à ces entreprises de rendre des comptes, sauf en cas d’incidents mortels tels que les catastrophes du Rana Plaza (Bangladesh, 2013) et de la mine de Brumadinho (Brésil, 2019).
Cela ne doit pas être la norme. La prévention d’accidents mortels devrait être une priorité avant qu’une tragédie ne se produise. Ces deux catastrophes étaient prévisibles. Les travailleuses et travailleurs avaient fait part de leurs inquiétudes quant à l’intégrité structurelle du Rana Plaza, et la société Vale SA connaissait les vulnérabilités de la digue à résidus de Brumadinho.
Rana Plaza : la saleté sous les décombres
La catastrophe du Rana Plaza, qui a fait 1 134 morts et 2 581 blessé·e·s le 24 avril 2013, est considérée comme l’un des effondrements industriels les plus meurtriers de ces 100 dernières années. La plupart des victimes confectionnaient des vêtements pour des entreprises occidentales de mode rapide (fast fashion) qui s’appuient sur une fabrication rapide et à faible coût et sur des ventes rapides, bon marché et en grande quantité. Ces entreprises délocalisent généralement leur production dans des pays comme le Bangladesh, où les restrictions en matière de travail et les salaires sont beaucoup moins élevés et où la surveillance est moins rigoureuse.
Après l’effondrement du Rana Plaza, des informations sont apparues sur les conditions de travail compromises et la négligence des bâtiments. De nombreux analystes et militant.e.s accusent les grandes entreprises qui privilégient la surenchère dans la production et le profit au détriment de conditions de travail décentes. Les ouvrières et les ouvriers du Rana Plaza travaillaient de longues heures pour 35 à 60 dollars par mois dans des conditions indignes.
Le trajet à parcourir
Certaines améliorations ont été constatées au Bangladesh et dans d’autres pays dotés de grands centres de production textile. De nombreuses marques ont signé l’Accord international sur la santé et la sécurité dans l’industrie du textile et de la confection, qui contribue à responsabiliser les entreprises sur les conditions de travail et à offrir des compensations aux travailleuses et travailleurs victimes d’abus. Cela s’est manifesté par l’indemnisation accordée aux familles des victimes du Rana Plaza. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour s’assurer que l’indemnisation soit adéquate et qu’elle ne soit pas basée sur les normes actuelles de bas salaires du secteur.
Malgré quelques avancées, deux problèmes se posent. Premièrement, de nombreux géants comme IKEA et Auchan n’ont pas encore signé l’Accord international et son extension pakistanaise. Deuxièmement, ces accords expirent en octobre 2023. Ils doivent être renouvelés avec davantage de signataires et un champ d’application plus large pour aborder des questions telles que les bas salaires, la violence basée sur le genre, l’impact sur l’environnement et l’impunité des sous-traitants.
De la mode aux mines
L’absence de contrôle des activités à l’étranger des entreprises occidentales ne se limite pas à l’industrie de la mode. Il s’étend également à des secteurs tels que l’exploitation minière, dont le Canada est l’un des principaux acteurs. Pourtant, le gouvernement canadien n’a que quelques politiques concrètes pour protéger les travailleuses et travailleurs à l’étranger contre les abus des entreprises canadiennes.
La catastrophe du Rana Plaza illustre l’insuffisance des mesures existantes, qui sont principalement des lignes directrices reposant sur le respect volontaire, pour protéger les droits, la sécurité et l’environnement.
Il est temps d’adopter une loi de diligence raisonnable contraignante en matière de droits humains et d’environnement. Une telle loi atténuerait les risques en obligeant les entreprises canadiennes à évaluer, signaler, prévenir et réparer les violations des droits de la personne et les atteintes à l’environnement dans l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales. Elle aiderait également les victimes d’abus commis à l’étranger par des entreprises canadiennes ou leurs fournisseurs à obtenir justice devant les tribunaux canadiens.
Il s’agit d’un impératif, car comme le révèlent de récentes études réalisées par le Réseau canadien pour la reddition de compte des entreprises, trop de sociétés canadiennes du secteur de la mode et de l’exploitation minière ne sont pas tenues responsables de pratiques répréhensibles répandues. Les travailleuses et travailleurs victimes de ces entreprises sont rarement indemnisés de manière adéquate et doivent souvent continuer à travailler dans des conditions abusives.
Une responsabilité morale
Les personnes qui ont travaillé au Rana Plaza ont approvisionné plusieurs marques de prêt-à-porter canadiennes. Pourtant, la protection des droits de la personne n’est guère plus qu’une suggestion pour les entreprises canadiennes. Il est de notre responsabilité de demander des comptes à ces entreprises. Mais comment y parvenir, compte tenu des difficultés à mettre en œuvre des changements substantiels et durables pour les travailleuses et travailleurs dont les moyens de subsistance dépendent d’industries potentiellement problématiques ?
L’amélioration peut commencer par la responsabilisation préalable des entreprises au moyen d’accords tels que l’Accord international, qui prévoit des conditions de travail sûres et une meilleure surveillance des chaînes de production. De tels accords peuvent et doivent fonctionner en tandem avec des secteurs comme l’exploitation minière, qui sont confrontés à des problèmes similaires de conditions de travail dangereuses et injustes, notamment dans les pays du Sud.
C’est à nous, les citoyennes et citoyens des pays occidentaux comme le Canada, où les entreprises coupables sont souvent basées et vendent la plupart des biens produits dans des conditions abusives, de mettre en place des structures et des lois solides pour garantir la justice pour les travailleuses et les travailleurs du monde entier.
Par Philippe Lafortune, animateur pour le Centre et Sud du Québec
Au cours de sa visite de solidarité de deux semaines, Raquel Soto s’est adressée à des centaines de nos membres et sympathisants, dont ce groupe à une église à Laval, au Québec.
Le soleil se lève, les oiseaux s’envolent. Voici le jour qui commence lentement et avec lui, tout le village qui s’éveille, brusquement. Car ce n’est pas maman qui ce matin vous tire du lit, mais bien un homme armé : « Vous avez trente minutes » pour tout quitter, sans rien emporter, sinon seulement le souvenir vivace de votre terre natale et surtout l’espoir d’y revenir un jour.
Se retrouver à nouveau
María Raquel Soto Ramírez n’était encore qu’une enfant quand la guerre l’a arrachée à sa terre natale – deux fois plutôt qu’une – avant de lui enlever son père, une des 220 000 victimes d’un conflit meurtrier qui dure depuis 50 ans. Si les accords de paix de 1996 et l’élection d’un premier gouvernement de gauche en 2022 nourrissent l’espoir d’un retour à la normale, le chemin du changement reste un bien périlleux parcours. L’histoire de Raquel, c’est aussi celle de la Colombie.
Sous la pression des entreprises privées et avec la complaisance des autorités, des communautés entières sont encore dépossédées de leurs droits fondamentaux et de leurs terres ancestrales, alors que leurs leaders sont menacés, emprisonnés, attaqués et assassinés impunément pour avoir seulement défendu l’eau et la terre dont ils dépendent pour vivre.
Je viens d’un pays qui se reconstruit chaque jour, qui tente de surmonter une longue guerre qui nous affecte toutes et tous, qui nous a dépouillés de nos terres, qui nous a enlevé nos proches et les leaders sociaux qui dénoncent les injustices, mais aussi qui a motivé la rencontre, la participation et l’organisation des communautés qui souffrent des conséquences du conflit.
Raquel Soto, cinéaste militante
Digne paysanne du nord de la Colombie et fière animatrice au Centre de formation documentaire de l’Association paysanne d’Antioquia (ACA, site web en espagnol), partenaire de Développement et Paix ― Caritas Canada depuis 2003, Raquel initie les jeunes aux techniques audiovisuelles pour raconter leur histoire. La création documentaire offre ainsi une alternative prometteuse que les armes ne permettaient pas.
Face à l’incertaine politique de la guerre, l’ACA propose plutôt une certaine poétique de la terre. Dans un pays qui recèle 10% de la biodiversité mondiale également menacée, « la terre est une bonne professeure. Elle enseigne la patience, la persévérance, la reconnaissance pour toute cette abondance » qui risque de se perdre quand elle n’est pas protégée ni partagée. Encore faut-il apprendre à l’écouter – pour mieux la connaître. Comme Raquel Soto.
Présente au lancement virtuel du Carême de Partage 2023 de Développement et Paix ― Caritas Canada, Raquel est aussi le visage de la campagne Solidaires pour la Terre… et notre première visiteuse de solidarité en près de cinq ans. Voici enfin l’heure de la rencontrer en personne.
Solidaires pour la Terre
Raquel est arrivée au Québec avec le printemps. Seulement vingt-quatre heures après son atterrissage, elle s’adressait déjà à trois cents personnes réunies à l’Église La Nativité de La Prairie pour un concert-bénéfice au profit de Développement et Paix ― Caritas Canada.
Après les présentations d’usage, les prestations musicales et la projection vidéo, la question se pose : Comment continuer face à tant d’adversité ? « La prière et la foi nous ont permis d’affronter notre deuil, de consoler nos esprits et de poursuivre notre chemin, de retourner dans nos territoires pour pouvoir semer à nouveau l’espoir. »
Voilà qui marquait le thème, le ton et la portée de sa visite de solidarité qui l’a conduite de Montréal à Moncton en deux semaines seulement. Lors de ses partages auprès des membres du Conseil national ou de la Société des Missions-Étrangères, Raquel multiplie ses touchants témoignages où elle martèle le même message.
Apprendre à croire en soi, à construire ensemble, à contribuer selon ses compétences… Par exemple, « nous développons dans cinq municipalités des espaces d’éducation et de création artistique avec des familles paysannes, coordonnés et dynamisés par des femmes de ces mêmes communautés qui ont été formées au processus. »
Pour les membres et sympathisants de Développement et Paix ― Caritas Canada qui n’auraient pu assister aux présentations de Raquel, un webinaire national lui a aussi permis de partager son expérience d’un océan à l’autre. Entre ses rencontres publiques et entretiens privés, Raquel découvre et capture, caméra à l’œil, le paysage naturel et culturel du Québec : le Mont Royal et le Vieux Port, la Basilique Notre-Dame et la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, L’Authentique cabane à sucre et même le documentaire La Vie est un Cirque présenté dans le cadre du Festival international des Films sur l’Art.
Notre animateur Nicolas Kalgora (à droite) présente à Raquel Soto le paysage canadien, encore gelé au début du printemps.
Raquel Soto goûte aux délices doux du célèbre élixir québécois dans une cabane à sucre traditionnelle, sous le regard de l’évêque Jon Hansen, membre du conseil national (à l’arrière-plan).
La caméra au service d’une cause commune
La créativité est en effet un puissant outil, un véhicule privilégié pour explorer et partager toutes les richesses et la diversité de l’environnement naturel et de l’esprit humain. Surtout quand il s’agit de questions essentielles, existentielles, sensibles, sinon subversives – comme celle de vouloir vivre, simplement, ensemble et en sécurité, sur la terre de sa naissance et de ses ancêtres.
Dans la même veine, Raquel a aussi pu découvrir une communauté de pratiques sans frontières avec l’équipe de la Wapikoni. Ce studio ambulant de formation et de création audiovisuelles a ainsi offert des ateliers immersifs et interactifs à plus de 5 000 jeunes d’une centaine de communautés autochtones. Les quelque 2 000 œuvres musicales et cinématographiques produites depuis 2004 racontent et révèlent ainsi leurs réalités, leurs rêves et leur créativité. Comme quoi nos sœurs et frères d’ici comme du Sud affrontent et relèvent des défis à la fois uniques et universels.
« Je viens d’un processus collectif, » confie Raquel. « Depuis que je fais partie de l’École de création documentaire de l’ACA, c’est comme si je me retrouvais, comme si je vivais à nouveau. » Après une enfance teintée de violence, « c’était la seule occasion de faire quelque chose de différent, de pouvoir rêver et créer à partir du territoire lui-même, ce qui est totalement nouveau pour nos communautés privées d’opportunités quand l’éducation n’atteint pas les campagnes. »
L’idée, c’est d’utiliser les technologies audiovisuelles comme outil d’apprentissage et de partage pour contribuer à développer ses compétences (sociales, techniques, artistiques), sa confiance (en soi, en l’autre) et un certain « sentiment d’appartenance à quelque chose de plus grand » – la communauté. Dans la foulée, on découvre des richesses, des valeurs et une culture communes.
« L’art nous a permis de comprendre et d’appréhender notre propre histoire, » apprécie Raquel, « de construire la mémoire, de valoriser et d’admirer la force de nos mères, de nos communautés, de redimensionner la beauté des territoires que nous habitons, d’exprimer nos préoccupations, nos réflexions et nos propositions, de transformer nos vies et nos environnements. »
Les créations des Productions El Retorno (Le Retour, voir canal YouTube en espagnol) et du réseau paysan RÍOVERDE de réalisatrices et réalisateurs de documentaires sur la biodiversité auxquels participe Raquel, permettent de dévoiler les richesses des communautés et de dénoncer les menaces auxquelles elles sont confrontées : déplacements forcés, déforestation, détournement des ressources…
Si une image vaut mille mots, chaque munition en vaut zéro. Dans un pays ravagé par la guerre, il faut du courage pour préférer prendre la caméra plutôt que les armes. Pour filmer et photographier les richesses de la nature et leurs cultures afin de les partager et ainsi mieux les protéger. Pour raconter son histoire, révéler son quotidien et créer son avenir.
Animé par Félix Molina, chercheur, journaliste et administrateur au Comité pour les Droits humains en Amérique latine, l’événement a aussi accueilli Elvin Hernández, enquêteur à l’Équipe de Réflexion, d’Investigation et de Communication (ÉRIC) – Radio Progreso (voir site web en espagnol) l’un de nos partenaires au Honduras.
Dans ce petit pays d’Amérique centrale parmi les plus violents de la planète, la défense de la justice est un métier aussi dangereux qu’essentiel, comme en témoigne le cas d’école de la Rivière Guapinol (lire l’article en anglais) où les communautés locales sont confrontées aux projets et aux rejets miniers.
Là où l’ACA utilise l’audiovisuel comme outil d’éducation, de développement et de défense des droits de la personne comme de la nature, l’ÉRIC emploie la radio communautaire (voir canal YouTube en espagnol) pour documenter, diffuser et dénoncer les infractions aux droits humains et environnementaux.
Présent en direct du Honduras à trois événements de cette tournée de Raquel, notre partenaire Elvin sera l’invité de solidarité pour la campagne d’automne de Développement et Paix ― Caritas Canada. Comme Raquel, il ira à la rencontre des membres et du public d’ici pour discuter des enjeux de justice.
Partenaires de longue date de Développement et Paix ― Caritas Canada, l’ACA en Colombie et l’ÉRIC au Honduras bénéficient aussi de l’appui financier du ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) à travers son programme Nouveau Québec sans frontières (NQSF). C’est grâce à cet appui que la visite de solidarité de Raquel au Québec a été rendu possible afin de contribuer au volet d’éducation à la citoyenneté mondiale (ECM).
Si le projet Voix Sans Frontières pour la Défense de la Vie et du Territoire permettra de rejoindre directement plus de 1 800 personnes et environ 500 000 personnes de manière indirecte, les visites de solidarité de nos partenaires créeront aussi des opportunités d’échange, d’apprentissage, de réseautage, de solidarité, de justice… et de changement. La visite de Raquel au Québec, comme le travail de l’ACA en Colombie, est un autre exemple de la solidarité à l’œuvre : des communautés qui s’organisent, comme à Antioquia; des groupes citoyens d’ici qui se mobilisent partout au pays; des chargées de programme comme Anne Catherine Kennedy qui les appuient et surtout, un mouvement de membres, des personnes dévouées et engagées à l’année dans leurs communautés.
« Ce que nous faisons [en Colombie] est possible grâce à vous, » rappelle Raquel, reconnaissante. « Même chose pour nous, » répond monsieur Lebel, visiblement ému. « C’est bon de rencontrer celle pour qui on se mobilise ici. »
Raquel repart déjà, mais son message restera. Tout pour confirmer notre mission, redonner confiance et courage dans nos actions et pour continuer à Nourrir l’Espoir.
Tout comme l’eau de nos rivières et les Oiseaux de Notre Terre (document en espagnol), l’espoir, l’esprit solidaire et le pouvoir de l’imaginaire ne connaissent aucune frontière.
Par Philippe Lafortune, animateur pour le Centre et Sud du Québec
Au matin du 24 avril 2013, le bâtiment du Rana Plaza à Dacca au Bangladesh et les ateliers de confection textile qu’il abritait s’effondrent sur les 5 000 travailleuses et travailleurs qui fabriquaient des vêtements vendus chez nous. Sous les décombres : plus de 1 134 morts et 2 581 personnes blessées, pour la plupart des femmes.
Cette catastrophe incarne tout ce qui ne va pas dans l’industrie de la fast fashion et tout ce qu’on ne veut pas de la mode rapide à rabais, tant en termes de conditions inhumaines de travail que de pollution environnementale, toutes aussi inacceptables qu’évitables.
Dix ans plus tard
Lundi le 24 avril, dès 12h, un grand rassemblement national au Square Phillips de Montréal commémorera le 10e anniversaire de la tragédie du Rana Plaza afin d’exiger le respect des droits de la personne mais aussi de l’environnement, notamment par l’adoption d’une véritable loi fédérale sur la diligence raisonnable.
Depuis 2021, le Réseau canadien pour la reddition de compte des entreprises (RCRCE) et les membres de Développement et Paix ― Caritas Canada ont recueillis plus de 40 000 signatures et rencontrés plus de 40 député·e·s fédéraux pour prévenir les atteintes aux droits humains – dont les droits du travail – et les destructions environnementales par les compagnies canadiennes qui œuvrent à l’étranger ainsi que leurs sous-traitants. C’est une question de bon sens, d’éthique, de justice et de responsabilité – individuelle et corporative.
Rien de nouveau
Développement et Paix ― Caritas Canada œuvre depuis plus de 55 ans au service de la dignité humaine. Voilà déjà vingt-cinq ans, la campagne Les personnes d’abord dénonçait les conditions de travail dans les ateliers de misère où sont fabriqués nos vêtements. Les membres et sympathisant·e·s de partout au pays avaient alors adressé des cartes de rappel aux géants de l’industrie comme Levi-Strauss et Nike pour exiger le renforcement et le respect d’un code éthique de conduite et de travail.
Au menu, notamment : des salaires décents et des conditions sécuritaires, ainsi que le droit pour le personnel de s’associer – en syndicat, pour défendre leurs droits – et le devoir pour les entreprises de s’en assurer dans l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement. Chaque entreprise pourrait d’ailleurs en prendre l’initiative et devrait même s’en faire un honneur, à commencer par tous les entreprises qui maintiennent encore des ateliers de misère au Bangladesh en fabricant leurs vêtements hors frontières.
Dix années de solidarité
Pour illustrer avec sensibilité la tragédie, mais aussi la responsabilité corporative et la solidarité internationale, l’artiste François Simard a réalisé la bande dessinée Fabriqué au Rana Plaza, disponible en versions papier et numérique. Présenté en janvier dernier dans le cadre de la Semaine du développement international, l’ouvrage rend hommage aux personnes qui militent pour des conditions de travail à l’image des travailleuses et travailleurs du Bangladesh.
Kalpona Akter en est un parfait exemple. Survivante du travail forcé de son enfance dans les ateliers de confection, c’est aujourd’hui une militante mondialement reconnue pour son engagement en faveur de conditions de travail décentes. A l’automne dernier, la fondatrice et directrice du Bangladesh Center for Workers’ Solidarity était de passage au Québec pour une tournée dans le cadre des Journées québécoises de la solidarité internationale sur le thème de la justice économique, notamment dans l’industrie du textile.
Des personnes comme Mme Akter soulèvent une question importante : Qui peut, en toute conscience, porter une chemise bangladaise, manger un chocolat ivoirien, boire un café colombien ou utiliser une batterie contenant du cobalt congolais sans se soucier des travailleuses et travailleurs qui ont rendu ces produits possibles et sans insister pour que les fabricants les traitent avec respect et dignité ?
Que faire?
S’informer, pour faire chaque fois un choix éclairé. S’indigner, aussi. Et surtout, s’impliquer.
On peut ainsi signer et partager la pétition. [Se] poser les bonnes questions, exiger les vraies réponses… et les changements qui s’imposent. On peut encore marcher et militer pour ce qui fait à la fois du sens et toute la différence : le respect des droits de chacun·e et donc de la dignité humaine.
À l’occasion du 10e anniversaire
Le lundi 24 avril 2023, après la conférence de presse de 11h, les citoyen·ne·s sont invité·e·s sur les douze coups de midi à rejoindre au Square Phillips le grand rassemblement en faveur de la justice pour l’industrie du textile et, plus largement, de l’adoption d’une véritable loi sur la diligence raisonnable.
En hommage aux victimes ainsi qu’à tous celles et ceux qui œuvrent activement à ce qu’une telle tragédie ne se reproduise plus jamais, deux minutes de silence – soit la durée totale de l’effondrement du Rana Plaza – seront observées.
En prime, une œuvre plus que symbolique de l’artiste Mélissa Torres sera aussi dévoilée. Pour appuyer le propos, autant redoubler de créativité et apporter tricots et tambours, manteaux, drapeaux et pipeaux pour joindre votre voix aux chants, discours et poèmes prévus à l’ordre du jour.
Le mardi 25 avril, notre directeur général Carl Hétu se joindra à une délégation d’organisations de la société civile canadienne pour présenter des pétitions signées en faveur d’une législation sur la diligence raisonnable aux députés sur la colline du Parlement à Ottawa. La délégation parlera aux députés de la catastrophe du Rana Plaza et des problèmes qu’elle a révélés et qui doivent encore être résolus.
Par Dean Dettloff, Animateur pour le Centre de l’Ontario
Les manifestant.e.s ont témoigné des méfaits de l’industrie minière devant des personnes venues célébrer ses réussites.
Toronto est une ville minière.
La Bourse de Toronto répertorie environ 40 % des sociétés minières cotées en bourse dans le monde. Les bureaux des sociétés minières et de financement de l’industrie, ainsi que les bâtiments et les programmes universitaires portant la marque de l’industrie minière parsèment le paysage. Un institut universitaire de renom, un établissement de soins de santé essentiel et même un débat public prestigieux portent le nom de Peter Munk, le défunt baron minier qui a fondé Barrick Gold, la plus grande société d’extraction d’or au monde, qui a une longue histoire de violations des droits de la personne et de l’environnement dans les pays du Sud. Il est difficile de se promener dans la ville sans se rappeler que l’industrie a une grande empreinte ici.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (APCE) organise l’une des plus grandes conventions minières du monde chaque année à Toronto. Mais la convention de l’ACPE est rarement ininterrompue.
Poursuivant ses années d’intervention, le Réseau de solidarité pour l’injustice minière (MISN pour son acronyme anglais) a de nouveau élevé un piquet afin de protester contre les abus de l’industrie devant le congrès 2022 de l’ACPE. Développement et Paix ― Caritas Canada s’est joint à KAIROS, au Mouvement chrétien étudiant (SCM pour son acronyme anglais) et à d’autres chrétiennes et chrétiens lors de la manifestation du 13 juin 2022. Nos membres ont fait écho à une lettre écrite par notre partenaire péruvien, la Comisión Episcopal de Acción Social, adressée à l’ACPE, demandant une réglementation sur la diligence raisonnable. En tant que chrétien.ne.s solidaires des peuples du monde entier, nous avons cherché à être une voix prophétique dans le débat sur l’exploitation minière.
Bien que nous étions fier.e.s d’être présent.e.s et d’avoir mis en contact notre partenaire et l’ACPE, je n’ai pu m’empêcher de ressentir le besoin d’une plus grande participation des personnes de foi. Ce sentiment a été partagé par nos membres et ami.e.s du mouvement œcuménique.
Au cours de l’année suivante, nous avons travaillé avec KAIROS et le SCM pour constituer un groupe averti et le préparer à agir lors de la convention de l’ACPE de 2023.
Déterrer la justice : un groupe de lecture pour jeunes adultes
Nous avons pensé que si nous voulions demander des comptes à l’industrie minière, nous devions savoir de quoi nous parlions. C’est ainsi qu’en janvier 2023, nous avons créé un groupe de lecture pour jeunes adultes autour du livre Unearthing Justice : How to Protect Your Community from the Mining Industry (Déterrer la justice : Comment protéger votre communauté de l’industrie minière) de Joan Kuyek, fondatrice de MiningWatch.
Nous avons compris les liens entre l’exploitation minière et le colonialisme au Canada et dans les pays du Sud, comment fonctionne l’industrie et de quelle façon les gens ont tenté de s’y opposer. Nous avons été agréablement surpris de constater que Développement et Paix ― Caritas Canada et KAIROS étaient mentionnés dans le livre, pour notre campagne en faveur d’un ombudsman sur la responsabilité des entreprises.
En lisant le livre de Mme Kuyek, nous nous sommes sentis plus à l’aise pour parler de l’exploitation minière. Mais nous nous sommes aussi demandé ce que les personnes touchées par l’industrie minière disaient de celle-ci.
Des témoignages directs sur les abus miniers
Pour le savoir, nous avons organisé un webinaire (enregistré en anglais) le 16 février 2023, que Mme Kuyek a gracieusement accepté de présider. Des personnes de tout le Canada se sont rendues à ce webinaire pour écouter les points de vue de trois intervenant.e.s : Le père Dário Bossi, missionnaire combonien vivant au Brésil ; Loretta Williams, dirigeante élue des Xeni Gwet’in, l’une des six communautés Tsilhqot’in en Colombie-Britannique ; et le père Jacques Nzumbu, jésuite de la République démocratique du Congo qui étudie l’exploitation minière et les technologies vertes à Montréal. Malgré les grandes différences entre leurs contextes de vie, la plupart des propos des panélistes se résument à la même chose : l’industrie minière promet le développement, des emplois et un avenir meilleur, mais elle entraîne généralement la destruction écologique, le déplacement de populations et l’éclatement des communautés.
« On considère l’or comme un métal noble, mais son extraction est pleine de violence », a déclaré le père Bossi. Il a évoqué les destructions causées par l’exploitation minière pour le peuple autochtone Yanomami en Amazonie, l’effondrement d’un barrage de résidus miniers qui a tué 270 personnes, dont les familles n’ont pas toutes été indemnisées par Vale Inc, et la résilience des communautés qui se souviennent des victimes de l’exploitation minière et qui s’organisent pour obtenir justice.
Mme Williams a raconté les efforts continus de la nation Tsilhqot’in pour empêcher Taseko Mines Ltd. de pénétrer sur son territoire, afin de préserver la terre et les saumons de ses cours d’eau. Pour ce faire, une coalition de femmes des Premières nations, de membres de la communauté et d’experts a été mise en place. Au beau milieu de leur lutte, l’effondrement d’une digue à résidus à Mount Polley, dans la région voisine, a déversé des milliards de litres de déchets miniers dans une importante source d’eau douce et dans l’habitat du saumon. « À ce jour, la mine de Mount Polley continue de déverser des déchets dans ces eaux, dans le lac Quesnel, ce qui nous brise le cœur en tant que membres des Premières nations », a déclaré Mme Williams.
Le père Nzumbu a reconnu la nécessité d’une transition vers des technologies énergétiques vertes, mais a également averti que l’extraction du cobalt et du coltan, dont ils ont besoin, était à l’origine de conflits armés et de conditions de travail toxiques au Congo. « Nous sommes confrontés à l’impact considérable de ce type de minerais dans notre pays », a-t-il déclaré en montrant des images de mineurs artisans, y compris des enfants, travaillant jusqu’aux genoux dans la boue. Les minerais qu’ils trouvent finissent dans les produits que nous achetons dans les pays du Nord, mais nous ne voyons jamais leur terrible coût humain et écologique.
Une présence priante et prophétique à l’ACPE
Inspiré.e.s par cette conversation et le travail d’organisation du MISN, nous avons décidé d’agir lors du congrès de l’ACPE en mars 2023. Nous nous sommes demandé ce que les communautés de foi pouvaient apporter d’unique à cette occasion. Nous avons décidé avec KAIROS et le SCM d’apporter une présence de prières. L’ACPE devait organiser un gala de remise des prix de l’industrie à l’hôtel Fairmont Royal York. Ce serait le cadre idéal pour une action prophétique. Alors que l’industrie minière se réunissait pour célébrer ses réalisations, nous nous réunissions pour célébrer la vie des personnes touchées par cette industrie.
Pour préparer nos cœurs, notre conseil diocésain de Toronto a organisé une veillée en ligne le jour de l’ouverture de la convention. Les membres ont prié, chanté et lu les noms de plusieurs victimes de l’exploitation minière dans le monde, en criant « Presente ! » après chacun d’eux, selon une tradition du Sud global qui affirme la présence continue des martyrs dans la mémoire collective.
Le mardi 7 mars, une quarantaine de manifestant.e.s issu.e.s de mouvements œcuméniques, de communautés issues de la diaspore et de la société civile ont accueilli les invité.e.s du gala de l’ACPE à l’extérieur de l’hôtel. Nous leur avons remis des cartes colorées portant une bougie commémorative, des informations sur les abus miniers et un lien vers une page web pour une lecture plus approfondie. Nous avons également chanté, prié et écouté les récits de membres des communautés péruviennes et philippines sur l’impact de l’exploitation minière dans leurs pays.
L’un de nos membres, Randy Haluza-Delay, a relu les noms figurant dans la veillée virtuelle, ce qui a de nouveau suscité des « Presente ! » Brandissant des pancartes portant des slogans reprenant la célèbre déclaration du pape François « Hands off Africa! (Retirez vos mains de l’Afrique !) », nous avons formé une « garde de la honte » devant laquelle celles et ceux qui allaient célébrer l’exploitation minière devaient passer pour se rappeler que les victimes de l’industrie n’étaient pas oubliées.
Certain.e.s délegué.e.s ont accepté nos cartes, d’autres sont passé.e.s à côté en détournant les yeux et d’autres encore se sont moqué.e.s de nous. En effet, les invité.e.s à un gala de remise de prix pour l’une des industries les plus violentes du monde n’étaient guère susceptibles d’être réceptif.ve.s à des rappels de la violence. Pourtant, nous sommes reparti.e.s avec l’humble espoir qu’au moins quelques-un.e.s d’entre elles/eux aient eu leur conscience touchée ou se soient arrêté.e.s pour réfléchir au coût de leur confort.
À la prochaine
L’exploitation minière est l’une des industries les plus dangereuses pour les défenseur.e.s des terres, les communautés en situation de vulnérabilité et les écosystèmes fragiles. Nos partenaires du Sud se plaignent constamment de la menace qu’elle fait peser sur les populations et la planète. En passant devant les monuments de Munk et les grandes banques de cette ville minière, je me pose souvent des questions : Qu’est-ce que signifie d’être un chrétien, solidaire des peuples du monde entier, vivant à Toronto ? Qu’est-ce que l’Évangile m’appelle à faire ? Comment devenir des porte-voix efficaces pour nos partenaires qui résistent chaque jour aux abus de l’industrie minière ?
Pour moi, ces questions restent ouvertes. Cette année, près de 24 000 personnes ont assisté à la convention de l’ACPE, dont des chefs d’État, des chefs d’entreprise et des étudiant.e.s. Face à ces chiffres, notre petite veillée de 40 personnes a tout de même réussi à faire vibrer quelques cordes sensibles ! La convention reviendra l’année prochaine, mais répondant à l’appel du pape François à entendre le cri de la terre et le cri des pauvres, nous reviendrons aussi, porteurs des histoires de nos partenaires et de l’amour de la création.
Notre parcours pour la justice minière se poursuit dans cette ville minière et au-delà.
Depuis 2015, le Venezuela est plongé dans une crise sociale, politique et économique majeure. La chute drastique du prix du pétrole, dont le pays tire encore près de 90 % de ses revenus d’exportation, cumulée à une baisse de la production, à la corruption et aux sanctions économiques ont entraîné une hyperinflation, l’effondrement du système de santé, des pénuries alimentaires, des coupures d’électricité et d’eau potable ainsi que des troubles civils prolongés.
Une situation désespérée
Bien que les taux de pauvreté aient baissé pour la première fois en sept ans, plus de la moitié de la population vénézuélienne reste pauvre et les facteurs sociaux jouent un rôle croissant dans la pauvreté (voir l’Enquête nationale sur les conditions de vie en espagnol1).
La malnutrition et l’insécurité alimentaire affectent particulièrement les jeunes enfants et les femmes enceintes. Face au manque de services de base et de moyens de subsistance, beaucoup sont contraints de prendre des mesures désespérées comme manger moins, boire de l’eau insalubre et même se tourner vers le commerce du sexe pour survivre. Les femmes et les enfants sont devenus plus vulnérables à la traite des êtres humains, la violence basée sur le genre est répandue et de nombreux de cas de féminicides ont été recensés. Les services de protection sont donc de plus en plus nécessaires.
Un peuple en déplacement
Cette situation a créé une crise internationale du déplacement qui n’est surpassée que par la crise syrienne. La Plateforme de coordination régionale interagences pour les réfugié.e.s et les migrant.e.s du Venezuela (R4V) estime que plus de 7,1 millions de personnes ont fui le Venezuela, incluant plus de 6 millions qui se trouvent en Amérique latine et dans les Caraïbes (voir article en anglais). La Colombie est le pays d’accueil principal avec 2.48 millions de Vénézuéliens et Vénézuéliennes. D’autres pays d’accueil régionaux importants sont le Pérou, l’Équateur, le Chili et le Brésil.
Ces pays d’accueil subissent donc une pression une pression énorme pour fournir des services de base de santé, d’éducation et de protection aux migrant.e.s vénézuélien.ne.s, dont la plupart sont à la recherche d’opportunités économiques. Poussés par la xénophobie, le rejet, le racisme ou le désir de retrouver leur famille, de nombreux Vénézuéliennes et Vénézuéliens finissent par rentrer chez eux. Leur mobilité est toutefois limitée par l’expansion territoriale des groupes armés colombiens près de la frontière et par les confrontations régulières entre les milices vénézuéliennes, de plus en plus nombreuses, et l’armée vénézuélienne.
Une réponse soutenue
Développement et Paix – Caritas Canada a suivi de près la crise depuis le début. Nous avons investi 3 825 000 millions de dollars pour soutenir le peuple vénézuélien à travers nos partenaires du réseau Caritas.
Au Venezuela, nous avons mis en œuvre deux projets. De 2017 à 2018, notre partenaire Caritas Venezuela a répondu aux besoins urgents en matière de santé et de nutrition grâce au soutien financier d’Affaires mondiales Canada. En 2019, le soutien de la Banque canadienne de grains a permis à Caritas Venezuela et à Catholic Relief Services de fournir des transferts monétaires visant à acheter de la nourriture à 4 416 personnes de 884 ménages (dont 98 % dirigés par des femmes).
En Colombie, le soutien financier d’Affaires mondiales Canada nous a permis d’aider Cáritas Colombiana à mettre en place une réponse multisectorielle aux besoins humanitaires des personnes migrantes vénézuéliennes depuis 2020. En trois phases (de 2020 à 2023), le projet aura bénéficié à quelque 40 000 personnes, dont près de 60 % de femmes. La réponse holistique comprend la fourniture de kits d’hygiène (y compris des couches et des produits d’hygiène menstruelle, selon le cas), des transferts monétaires, des subventions pour le transport, un hébergement sécuritaire, des soins de santé primaires, des référencements vers des spécialistes de la santé et des services psychosociaux.
Des résultats qui réchauffent le cœur
Fuyant le Venezuela en 2020, Karla Roxana Goméz, 29 ans, est arrivée dans le nord de Santander, en Colombie, avec son mari et ses deux fils âgés de 8 et 10 ans. Après une fausse couche, elle est récemment devenue enceinte. Malgré une grossesse à haut risque, elle n’a eu aucun contrôle ni vaccination. « Nous ne pouvions même pas nourrir notre famille », dit-elle. L’emploi de son mari dans une station de lavage de voitures était si peu payant que même le savon et le papier hygiénique semblaient être des produits de luxe.
Après avoir évalué les besoins de Mme Goméz, Cáritas Colombiana a commencé à lui fournir des kits d’hygiène, un soutien psychosocial, des références pour le suivi médical et des subventions pour le transport afin qu’elle puisse se rendre à ses rendez-vous. Cáritas Colombiana l’a également aidée à obtenir un permis de protection temporaire afin qu’elle puisse accéder aux services de santé du gouvernement colombien. Ils lui ont également donné la possibilité d’avoir une échographie, autrement inabordable, et ils ont déménagé sa famille de la maison située au sommet d’une colline, où elle avait du mal à se rendre à pied alors qu’elle était enceinte, vers une maison plus accessible.
Au moment de ce rapport, la date d’accouchement approchait et Mme Goméz avait reçu tous ses vaccins et était en bonne santé. « J’ai beaucoup demandé à Dieu pour mon bébé », a-t-elle déclaré, « et il vous a mis sur mon chemin pour nous aider ! Je vous suis très reconnaissante de votre soutien. »
Luisa Leonor, 50 ans, n’avait jamais imaginé devoir vendre des sacs à main dans la rue, mais c’était un travail honnête qu’elle était heureuse de faire à son arrivée à Palmira, en Colombie, il y a deux ans. Mais un accident de moto l’a laissée trop abîmée pour affronter les privations auxquelles sont confrontés la plupart des migrants. En 2022, alors que ses blessures commençaient à guérir, un autre problème est apparu : son abdomen s’est mis à gonfler de manière inexplicable.
C’est à ce moment-là que Mme Leonor a contacté Cáritas Colombiana. L’équipe a rapidement évalué ses besoins et a commencé à lui apporter un soutien psychologique. Une équipe sociojuridique l’a aidée à se régulariser, à s’inscrire à l’assurance maladie et à demander un permis de protection temporaire. Des allocations en espèces l’ont aidée à patienter jusqu’à ce que les prestations soient versées. Entre-temps, elle a été orientée vers une organisation caritative médicale qui a posé un sombre diagnostic : l’enflure abdominale était probablement une tumeur cancéreuse.
Après avoir obtenu la couverture médicale de l’État, Cáritas Colombiana est restée avec Mme Leonor et a subventionné ses déplacements pour se rendre à ses rendez-vous en oncologie. Ils l’ont accompagnée dans l’attente angoissante des résultats de la biopsie après l’opération et dans la célébration de sa guérison du cancer, que Mme Leonor a qualifiée de « grand miracle ». Elle a ajouté : « Que Dieu continue à vous bénir, afin que vous puissiez continuer à aider les personnes venant du Venezuela ».
Les perspectives
Développement et Paix – Caritas Canada soutient les recommandations suivantes faites à la communauté internationale par le Groupe de travail de Caritas Internationalis sur la crise vénézuélienne (qui comprend 11 agences Caritas) dans sa déclaration commune de novembre 2022 :
Soutenir les efforts visant à améliorer les conditions de vie au Venezuela, en particulier pour les personnes qui restent dans le pays ou qui y retournent.
Prendre connaissance des nouveaux trajets d’exode et de la « féminisation » de la crise, qui se manifeste par la vulnérabilité croissante des femmes à l’exploitation et à la traite des êtres humains.
Promouvoir la reconnaissance, la protection, la légalisation et l’intégration des personnes réfugiées vénézuéliennes dans les pays d’accueil afin qu’ils puissent vivre dans la dignité.
Ce plaidoyer sera porté par Janeth Márquez, directrice de Caritas Venezuela, à la Conférence internationale en solidarité avec les réfugiés et migrants vénézuéliens et avec leurs pays et communautés d’accueil. En attendant, nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple vénézuélien et les communautés d’accueil partout en Amérique latine. Votre soutien est essentiel pour permettre à nos partenaires de continuer à les servir.
L’Encuesta Nacional de Condiciones de Vida (Enquête nationale sur les conditions de vie), basée à l’Universidad Católica Andrés Bello à Caracas, a été initiée en 2014 par une coalition d’universitaires qui, face à la pénurie de données gouvernementales, souhaitaient générer des statistiques fiables pour les chercheurs, les décideurs politiques, les législateurs et les organisations de la société civile.
Par Minaz Kerawala, conseiller en communication et relations publiques
L’incendie de dimanche a ravagé des milliers d’abris dans le camp 11, laissant près de 16 000 réfugié.e.s rohingyas sans abri (cliquez pour voir plus de photos).
Un énorme incendie s’est déclaré vers 14h45, heure locale, le dimanche 5 mars 2023, dans le camp de réfugié.e.s de Kutupalong Balukhali, à Cox’s Bazar, au Bangladesh.
Heureusement, l’incendie n’a pas fait de victime. Cependant, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte que l’incendie, qui s’est propagé à 15 blocs du Camp 11, a endommagé ou détruit plus de 2 800 abris et 155 installations, dont des centres médicaux et d’apprentissage. Près de 16 000 réfugié.e.s rohingyas appartenant à plus de 3 000 ménages se sont retrouvés sans abri.
Tant que l’on continuera à construire des abris en bambou et en bâche, il y aura d’autres incendies dévastateurs.
Dominique Godbout, chargée des programmes d’urgence
Caritas Bangladesh, le partenaire local de Développement et Paix ― Caritas Canada, est actuellement en train de coordonner la réponse et de communiquer avec le bureau du Commissaire aux réfugiés et au rapatriement et diverses agences des Nations Unies, dont l’OIM.
Même lorsque, comme dans ce cas, elle n’est pas opérationnelle dans un camp touché, Caritas Bangladesh est souvent appelée en renfort dans de telles situations en raison de son expertise dans la construction, l’entretien et la réparation d’abris. Il y a deux ans, le savoir-faire de Caritas Bangladesh avait été sollicité à la suite d’un autre incendie qui avait fait plus d’une douzaine de victimes.
« Ces tragédies sont devenues malheureusement chose courante » déclare Dominique Godbout, chargée des programmes d’urgence. Elle ajoute : « Il y a près d’un million de réfugié.e.s qui s’entassent dans ces camps. Tant que l’on continuera à construire des abris en bambou et en bâche, il y aura d’autres incendies dévastateurs. Heureusement, cette fois-ci personne n’est mort, mais cela n’a pas toujours été le cas. »
Le propos de Mme Godbout est corroboré par des rapports médiatiques d’une enquête du ministère de la défense du Bangladesh qui a dénombré 222 incendies dans les camps de réfugiés de Cox’s Bazar sur une période de deux ans.
Ayant l’intention de rapatrier les réfugié.e.s rohingyas dans leur pays d’origine, la Birmanie (Myanmar), le gouvernement du Bangladesh n’autorise pas l’utilisation de matériaux durables résistant aux intempéries et au feu dans la construction des abris, par crainte qu’ils ne deviennent permanent. Dans une déclaration commune publiée au début de l’année, Caritas Bangladesh et ses partenaires internationaux, dont Développement et Paix ― Caritas Canada, ont demandé que cette politique soit révisée.
Le séisme du 6 février a fait plus de 50 000 morts et plus de 118 000 blessés en Türkiye et en Syrie.
Est-ce que mon don aura une contrepartie du gouvernement du Canada ?
Oui ! Tous les dons pour le séisme en Turquie/Syrie faits à Développement et Paix ― Caritas Canada jusqu’au 22 février 2023 seront doublés par le gouvernement du Canada. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’un accord de jumelage de fonds annoncé pour l’appel conjoint de la Coalition humanitaire, auquel nous participons en tant que membre de la Banque canadienne de grains.
Combien d’argent engageons-nous ?
Sans attendre nous avons fait un engagement initial de 75 000 $ sur nos propres fonds. Cette somme s’ajoute à l’argent que nous collectons spécifiquement pour l’urgence en Turquie et en Syrie. Cette somme sera un premier appui à Caritas Syrie pour aider à fournir un aide urgent aux personnes affectées à Alep et Lattakia. Les organisations d’aide humanitaire en Turquie sont à définir les actions à entreprendre avec le gouvernement turc.
Comment faire parvenir rapidement mon don ?
Dons par carte de crédit : VISA, MASTERCARD ou AMEX
En ligne : Les dons peuvent être acheminés en toute sécurité via notre site Web.
Par téléphone : au numéro sans frais 1-888-664-3387
Dons par chèque ou mandat de poste : Veuillez émettre ou libeller le chèque ou le mandat-poste au nom de Développement et Paix et le poster au : 1425, boul. René-Lévesque Ouest, 3e étage Montréal (Québec) H3G 1T7 Veuillez indiquer Urgence Turquie/Syrie au bas du chèque comme référence.
Où va mon don ?
Votre don va directement aux partenaires de première ligne qui déterminent les priorités sur le terrain en se concentrant sur les populations touchées les plus vulnérables.
Comment mon don sera-t-il utilisé ?
Votre don servira à fournir de la nourriture, des kits d’hygiène, des fournitures médicales, des vêtements, des abris et d’autres produits essentiels pour répondre aux besoins fondamentaux humains. Compte tenu de l’ampleur de cette catastrophe, votre don servira également à répondre aux besoins à long terme, et lorsque les choses commenceront à revenir à un semblant de normalité, pour aider les familles à retrouver une vie plus stable.
Qui sont vos partenaires ?
Plusieurs de nos partenaires font tous partie du réseau Caritas Internationalis et d’un réseau élargi des organisations caritatives catholiques, chrétiennes et laïques. Toutefois, nous travaillons avec des partenaires bien établis, affiliés ou proche de l’Église catholique, qui ont les capacités nécessaires.
Êtes-vous présents en Turquie et en Syrie ?
Oui, et avant tout, nos partenaires se concentreront sur les régions les plus touchées. C’est-à-dire le sud de la Turquie et le nord de la Syrie; deux régions critiques, mais il n’y a rien que nos partenaires ne puissent gérer et leur travail aura des retombées positives pour l’ensemble des populations turques et syriennes et de leurs sociétés aujourd’hui meurtries par la catastrophe. En Syrie, en particulier, ils ont été présents, travaillant sans crainte ni faveur, servant tout le monde tout au long de la guerre.
Nos programmes dans les deux pays sont solidaires des populations appauvries par les conflits armés et les crises économiques en de multiples endroits et circonstances. En Turquie, en Syrie, nos partenaires aident les pauvres citoyens des pays, populations déplacées, et les très nombreux et précaires réfugiés et travailleurs migrants.
Quelle est le pourcentage seront attribués aux frais d’administration et combien pour la crise ?
Développement et Paix ― Caritas Canada applique des frais administratifs de 5 % sur les dons d’urgence reçus de la population. Ces frais couvrent le travail supplémentaire découlant de l’urgence, comme les procédures comptables, l’enregistrement des dons, les préposés au téléphone, la collecte de fonds, l’envoi de reçus, etc.
Je veux organiser une collecte de fonds. Comment pouvez-vous m’aider ?
Le meilleur moyen est de s’adresser à nos personnes animatrices, qui pourront vous renseigner sur les actions prévues dans votre région. Vous trouverez leurs noms et coordonnées sur notre site Web.
Si une activité locale de collecte de fonds est organisée, il est préférable d’envoyer les fonds en émettant un seul chèque au nom de Développement et Paix en indiquant Urgence Turquie/Syrie au bas. Il est également très important de nous fournir la liste des personnes donatrices, leurs coordonnées et le montant de leurs dons afin que nous puissions émettre leurs reçus d’impôt.