Par Stéphane Vinhas, chargé de programmes - secours d'urgence
Avec un taux de létalité de plus de 60 %, la conséquence de l’épidémie Ebola actuelle sur les corps est évidente. L’impact psychologique est moins visible, mais le virus brise aussi les esprits. Il fomente la peur et perturbe la santé mentale. Ce faisant, il nourrit les ruptures sociales, met à mal le tissu communautaire et contribue à l’apparition de rejet, de violences et de conflits qui facilitent, en retour, sa propagation.
L’épidémie d’Ebola qui fait rage actuellement en Guinée, au Sierra Leone et au Libéria est la plus importante, la plus longue et la plus complexe jamais connue. Son ampleur et sa croissance exponentielle vont au-delà de la nature hautement mortelle du virus même; elles s’expliquent et s’inscrivent dans un contexte fragile donné. La maladie dessine une réalité sous toutes ses limites et ses manques : elle souligne les effets néfastes de la pauvreté et des inégalités.
Caritas Internationalis entame aujourd’hui une rencontre de trois jours à Rome sur les enjeux de la crise au Moyen-Orient, à laquelle Développement et Paix participe. Les organisations Caritas du Moyen-Orient ainsi que les organisations Caritas partenaires se réunissent afin d’analyser la situation humanitaire et de réévaluer la réponse de la confédération aux crises dans la région.
Arthur Peters, Executive Director, ShareLife Toronto
Peters est directeur général du groupe ShareLife, à l’archidiocèse de Toronto. Il a fait partie d’une délégation qui a visité les projets de Développement et Paix mis en place au lendemain du passage du typhon Haiyan (Yolanda), aux Philippines.
Après un long vol en provenance du Canada, notre délégation de Développement et Paix est arrivée à Manille le samedi 15 août 2014, vers minuit. Nous étions fatigués, mais heureux de commencer la visite de nos partenaires aux Philippines, en particulier ceux qui sont intervenus à la suite du typhon Haiyan. C’était un réel plaisir de faire connaissance avec les autres membres de la délégation avec qui j’allais voyager durant les 10 prochains jours.
La férocité du typhon Haiyan est facilement visible de la route qui serpente la côte de la province de Samar oriental aux Philippines. Tous les 300 ou 400 mètres, entre les cocotiers qui ondulent, apparaît une autre agglomération de maisons délabrées, les bâches qui servent de toits claquant au vent. Avec autant de ravages autour, il est facile de perdre de vue ce qui se trouve au-delà des palmiers.
Les virus ne connaissant pas les frontières, l’Ebola est devenu une menace pour plusieurs États frontaliers d’Afrique de l’Ouest. À la difficulté de trouver une solution transnationale s’ajoutent les contraintes de contrôle d’une maladie qui a des implications sociales, psychologiques et économiques.
Il y a neuf mois que le typhon Haiyan (connu localement sous le nom de Yolanda) a traversé en trombe les Philippines, mais les séquelles de ses vents de force d’ouragan et de ses vagues destructrices sont encore bien visibles un peu partout dans la ville de Tacloban, une des zones les plus touchées. Bien que les débris aient été enlevés de la route, on a parfois l’impression qu’ils ont été simplement balayés sur le côté. Des morceaux de métal déformés pointent vers le ciel, parmi les murs effondrés. Presque chaque structure compte un élément plié, brisé, tordu ou tout simplement absent.
Fran Lucas, deuxième vice-présidente de la Ligue des femmes catholiques
Fran Lucas, de la Ligue des femmes catholiques, est membre de la délégation de Développement et Paix qui visite des communautés éprouvées par le typhon Haiyan aux Philippines.
En ce jour de juillet, nous voilà sur une route goudronnée de l’Ouest du Niger. Nous roulons vers le village de Garbay Tombo qui participe à un projet mené par la Caritas Niamey. L’horizon est ocre, parsemé de verdure, des arbres essaimés et les pousses de mil qui peinent à voir le jour, faute de pluies régulières. Sur le bas-côté, un troupeau de bœufs aux cornes magnifiques s’élance lentement, péniblement, sous une chaleur accablante. Ils se dirigent vers un point d’eau boueuse où ils pourront se désaltérer. Arrivés au village, on nous reçoit et nous assoit sur deux chaises en bois.