Par Philippe Lafortune, animateur pour le Centre et Sud du Québec
(avec l’appui des chargé.e.s des programmes internationaux)
La COP15 a débuté cette semaine à Montréal et avec elle, des milliers de délégué.e.s du monde entier sont réunis pour discuter de la biodiversité. L’occasion de rappeler, aux gens comme à nos dirigeant.e.s, l’urgence d’agir pour protéger l’environnement, l’ensemble du Vivant, et adopter sans plus tarder les changements essentiels qui s’imposent et que nous réclamons, au Nord comme au Sud.
Développement et Paix ― Caritas Canada exprime ces demandes en tant que signataire de ce qui suit :
- Collectif COP15
- Manifeste d’action
- Réponse multiconfessionnelle au Cadre mondial pour la biodiversité post-2020
Péril en la demeure
Depuis le 3e Sommet de la Terre à Rio en 1992, l’urbanisation a été multipliée par deux, souvent de manière improvisée et chaotique. On empiète sur les habitats traditionnels des communautés locales et des espèces végétales et animales qui les peuplent. En 50 ans, on a déjà rasé un demi-milliard d’hectares de forêts – trois fois la superficie du Québec !
La Biodiversité, c’est l’ensemble du Vivant dont nous faisons partie et dont nous dépendons pour notre survie. C’est vous, c’est nous et nos enfants – nos arts et nos langues, nos créations et cultures, notre patrimoine naturel et humain. C’est l’ensemble de la chaîne alimentaire dont nous sommes un maillon.
Mais il ne suffit pas de penser aux différentes espèces seulement comme à d’éventuelles “ressources” exploitables, en oubliant qu’elles ont une valeur en elles-mêmes. Chaque année, disparaissent des milliers d’espèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos enfants ne pourront pas voir, perdues pour toujours.
Pape François, Laudato Si’, 33
Solidaires pour la Terre
Au cœur de la biodiversité
C’est prouvé : Les peuples autochtones et communautés locales gèrent mieux les ressources qui assurent leur survie que toute entreprise étrangère qui n’y voit que profit net ou pure perte. C’est la raison pour laquelle Développement et Paix appuie depuis 55 ans des partenaires qui œuvrent à la défense du droit à la terre et à la vie.
Par exemple, en Colombie, comme au Honduras, la guerre, la corruption et les mégaprojets affectent encore les petites communautés, vite dépossédées de leurs droits à la terre et à la vie. Notre nouveau projet Voix sans frontières pour la défense de la vie et du territoire appuie deux de nos partenaires pour informer et impliquer les communautés grâce aux outils et techniques de l’audio-visuel.
Au Honduras, la Fondation ERIC-RP (Fundación Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación – Radio Progreso) assurera ainsi la formation de 430 jeunes leaders et la création d’un réseau de correspondants communautaires pour rejoindre 500 000 bénéficiaires en régions éloignées et les informer des enjeux environnementaux qui les concernent. Plusieurs de leurs productions documentaires illustrent l’ampleur des luttes menées par les communautés face aux projets hydroélectriques (vidéo en espagnol avec sous-titres français) et touristiques (vidéo en espagnol avec sous-titres anglais) qui menacent leurs territoires, leurs traditions et leur survie même.
Et maintenant ?
Chaque occasion est propice pour (s’)informer, (s’)inspirer et (s’)impliquer en faveur d’un monde qui prend vraiment soin des gens, de l’environnement et de l’ensemble du Vivant.
Les gens et la planète avant tout, ça commence avec Vous
Les membres et ami.e.s de Développement et Paix se mobilisent depuis un an pour exiger l’adoption d’une loi de diligence raisonnable des entreprises canadiennes. Déjà, plus de 25 000 signatures ont été recueillies par nos membres et présentées à leurs député.e.s. La campagne se poursuit pour assurer le respect des droits humains et environnementaux les plus fondamentaux.
En marche!
La biodiversité, c’est comme Développement et Paix : un mouvement qui va de l’avant. Rejoignez les délégations de Développement et Paix à la Grande Marche pour le Vivant ce samedi, 10 décembre à compter de 12h30, au Monument à sir George-Étienne Cartier.En matinée, il vous sera possible de confectionner vos pancartes pour une Planète vivante au Cœur des Sciences. Il y aura également une Célébration à la Cathédrale Marie-Reine-du Monde. « Protégeons la nature, protégeons les droits humains »; ceci n’est pas qu’une option.
La COP15, c’est le 16
Comme la biodiversité est aussi artistique et culturelle, les membres de Développement et Paix, du Collectif CoP15 et de l’Association québécoise de solidarité internationale (AQOCI), vous invitent à l’événement rassembleur Les communautés locales au cœur de la défense de la biodiversité, vendredi, 16 Décembre, à l’Espace Génération Vivante, au Cœur des Sciences de Montréal.
Dès 12h, venez visiter les visages de la biodiversité parmi les kiosques et performances artivistes du Bazar de la Biodiversité. Après cette introduction créative et immersive, vous pourrez découvrir, dès 13h, les perspectives locales – autochtones, paysannes, féminines – de cet enjeu global avec le Panel des Partenaires d’ici et du Sud – Bénin, Sénégal, Honduras, Bolivie, Abitibi. Le tout se conclura à 16h par un Cocktail solidaire qui vous permettra de réseauter au son d’un quartet à cordes manouche.
Réinventer l’avenir
Au-delà des seules considérations scientifiques, économiques et politiques, la CoP15 est surtout l’occasion de procéder à un exercice de conscience individuel et collectif. D’abord pour mieux reconnaître les richesses de la biodiversité ainsi que les menaces qui pèsent sur elles. Ensuite pour réfléchir sur nos modes de vie, de consommation et donc de production. Enfin sinon surtout pour revisiter et réinventer notre relation au Vivant, à La Nature, La Création, Pachamama, la Terre-Mère nourricière ou quel que soit le nom choisi pour notre Maison commune.
Apprendre à mieux l’apprécier dans toute sa diversité, sa générosité, mais aussi sa fragilité, c’est s’appliquer à mieux la protéger pour peut-être la laisser à nos enfants en meilleur état que celui où nos parents nous l’ont léguée.
