Préparation de la COP26

Par Kathleen Cross, Chargée de campagne – plaidoyer et mobilisation

COP21 in Paris

Reportée en raison de la pandémie de COVID-19 l’an dernier, la 26e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) débute à Glasgow le 31 octobre.

Les mesures mises en place pour minimiser le risque d’infection, toujours présent, ont en réalité empêché de nombreuses personnes du Sud, qui sont les plus vulnérables au changement climatique, ainsi que plusieurs organisations de jeunesse, d’accéder aux salles de pouvoir de la conférence. Cela signifie que les décisions de haut niveau nécessaires à la COP26 pourraient être prises sans tenir compte des expériences, de l’expertise et des besoins des personnes les plus touchées.

État des lieux

La température moyenne de la planète a déjà augmenté de 1,1 °C depuis le milieu du 19e siècle. À la fin de l’année 2021, nous aurons utilisé 86 % du budget carbone pour avoir 50 % de chances de rester en dessous d’une hausse moyenne de 1,5 °C, la moitié des émissions totales ayant été libérées au cours des 40 dernières années seulement1. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévient que nous atteindrons probablement la barre des 1,5 °C au cours des 20 prochaines années2.

Les engagements pris avant la COP26 font état d’une augmentation des émissions mondiales d’environ 16 % en 2030 par rapport à 2010, ce qui entraînerait un réchauffement de 2,7 °C3. Ces estimations prévoient notamment que les températures mondiales dépasseront ce seuil avant de se stabiliser dans la “moyenne”. Cela aura des effets considérables sur les gens et la planète et nécessitera d’importants efforts d’atténuation, d’adaptation et de rétablissement.

Le Canada sur les principaux enjeux de la COP26

Le Canada est le 10e plus grand émetteur de carbone et le pire contributeur par habitant aux émissions qui affectent le climat4. Le Canada et les États-Unis sont les seuls pays du G7 à avoir augmenté leurs émissions depuis la signature de l’Accord de Paris, l’augmentation du Canada étant cinq fois supérieure à celle des États-Unis5. Le Canada doit de toute urgence cesser de financer l’industrie des combustibles fossiles et réorienter cet argent vers une transition juste au pays et à l’étranger.

Objectif de réduction des émissions : La contribution déterminée au niveau national du Canada en vue de la COP26 consiste à réduire les émissions de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. Cependant, le Réseau Action Climat estime que pour contribuer à sa juste part à l’objectif de 1,5 °C, le Canada doit augmenter cet objectif à au moins 140 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030

Financement de l’adaptation et de l’atténuation : Bien que le Canada ait annoncé en juin 2021 qu’il doublerait sa contribution au financement climatique pour atteindre 5,3 milliards de dollars canadiens au cours des cinq prochaines années, cet objectif est très loin de sa juste part, qui serait d’environ 4,2 milliards de dollars américains par an6.

Article 6 : La COP25 n’est pas parvenue à un accord sur les règles du marché du carbone en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris. Le Canada doit plaider en faveur de la transparence dans la comptabilisation des crédits et assurer de solides protections des droits de la personne, notamment ceux des peuples autochtones, dans le processus d’approbation. Des règles faibles ou ambiguës en matière d’échange de carbone ne feraient que créer une nouvelle économie du carbone au lieu de réduire globalement les émissions et pourraient perpétuer les approches coloniales en matière d’économie et de gestion des ressources naturelles, exacerbant ainsi les inégalités et les vulnérabilités existantes.

De la politique à la pratique

Étant donné que l’action climatique concerne principalement les droits de la personne, nous devons tenir compte de l’impact humain de toutes les politiques climatiques. Si l’action climatique est retardée, les phénomènes météorologiques violents qui aggravent l’insécurité alimentaire, les conflits et les migrations forcées se multiplieront. Les solutions climatiques peuvent également avoir un coût élevé. Les véhicules à émission zéro, par exemple, nécessitent l’extraction polluante de métaux de terres rares pour les batteries et les projets hydroélectriques déplacent, dépossèdent et appauvrissent souvent les communautés indigènes. L’Accord de Paris demande aux parties de respecter, de promouvoir et de prendre en compte leurs obligations en matière de droits de la personne, notamment le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des personnes en situation vulnérable, l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité intergénérationnelle. La COP26 doit faire progresser ces priorités dans toutes les politiques et veiller à ce que les négociations sur le climat tiennent compte du coût humain et environnemental de l’inaction et des actions prévues. 


[1] Carbon Brief, 5 octobre 2021 (disponible uniquement en anglais)

[2] Nouveau rapport du GIEC | Il est minuit moins une | La Presse.

[3] Rapport de synthèse actualisé sur les NDC de l’ONU, 25 octobre 2021

[4] Carbon Brief, 5 octobre 2021 (disponible uniquement en anglais)

[5] Center for Policy Alternatives, juin 2021 (disponible uniquement en anglais)

[6] Colenbrader et al., septembre 2021 (disponible uniquement en anglais)

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