Réflexion du 19 mars 2023 – 4e dimanche du Carême

Lectures : 1 Samuel 16, 1b. 6-7. 10-13a; Psaume 23, 1-3a, 3b-4, 5. 6; Éphésiens 5, 8-14; Jean 9, 1-41 ou Jean 9, 1. 6-9. 13-17. 34-38

Agir collectivement pour défendre la terre

Mais le Seigneur dit à Samuel : « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »

1 Samuel 16, 7

Dans les lectures d’aujourd’hui, tirées du premier livre de Samuel, de l’épître aux Éphésiens et de l’Évangile de Jean, nous sommes invités à un nouveau regard. Lorsque c’est David qui reçoit l’onction plutôt que ses frères aînés, on nous dit que Dieu ne juge pas sur l’apparence, mais qu’il voit dans le cœur de la personne. L’aveugle que guérit Jésus devient méconnaissable pour son entourage. Il doit insister : c’est bien moi ! Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul accentue le contraste entre les ténèbres et la lumière, qui représentent la mort et la vie, l’erreur et la vérité. Voir les choses sous la lumière de Dieu, c’est être témoin de la vérité et reconnaître la différence entre les forces de la vie et de la mort.

Pendant le Carême de cette année, Développement et Paix – Caritas Canada réfléchit à l’importance d’être Solidaires pour la terre. Qu’est-ce que c’est qu’être solidaires pour la terre? Qu’est-ce que ça peut vouloir dire que de regarder le monde actuel avec les yeux des personnes appauvries qui dépendent de la terre et qui doivent la défendre à tout prix?
À Développement et Paix – Caritas Canada, nous voulons pratiquer la solidarité plutôt que la charité. La charité, au sens qu’on lui donne trop souvent aujourd’hui, c’est donner à quelqu’un qui nous fait pitié. Mais ce n’est pas là le sens profond de la charité : caritas veut dire amour. Nous sommes appelés à aimer, à regarder sous la lumière du Seigneur et donc à voir le cœur, et pas seulement les apparences. Un don paternaliste et unilatéral n’est pas à la hauteur de l’amour. C’est dans la solidarité que s’exprime véritablement l’amour de Dieu, à travers une pensée et une action axées sur la communauté.

La communauté est un réseau de relations et de reconnaissance mutuelle où les membres se relèvent les uns les autres quand ils tombent, où ils se lancent le défi de s’améliorer quand ils ratent la cible. En tant que mouvement de solidarité internationale, nous voulons entrer en communauté avec nos partenaires et apprendre d’eux sur quels points et comment grandir.

Au Honduras, nous avons pour partenaire la Fundación ERIC-Radio Progreso. Cette fascinante organisation jésuite travaille à renforcer la compréhension et le sens démocratique des Honduriennes et des Honduriens, et à les mobiliser pour lutter contre les forces qui ont historiquement gangrené leur pays par la violence et la corruption. Son travail dans les médias, qui touche des centaines de milliers de personnes, peut s’avérer dangereux, comme l’a découvert récemment la journaliste communautaire Sonia Pérez.

Ancien directeur de Radio Progreso, le père Ismaël Moreno fait remarquer qu’alors qu’on attendait beaucoup de la première ministre Xiomara Castro, élue sur un programme progressiste, le véritable pouvoir reste entre les mains de puissants intérêts économiques soutenus par certains secteurs du système judiciaire. Le père Moreno appelle les Honduriennes et les Honduriens à revendiquer la justice et le changement institutionnel, à remettre en question la cooptation de l’État par l’élite et à forger un mouvement social pour cultiver ce qu’il appelle la « démocratie naissante du pays ».

Cet exemple montre que nos partenaires voient les choses en profondeur. Regarder la réalité sous la lumière du Seigneur, c’est voir au-delà des apparences ; et l’amour du Christ est un amour qui guérit notre aveuglement et ouvre nos yeux à la lumière. Des organisations comme la Fundación ERIC-Radio Progreso peuvent nous aider à vivre notre vocation. Il est crucial de soutenir leur travail, non seulement pour défendre des terres au Honduras, mais aussi pour apprendre des personnes pauvres du Honduras comment les démocraties sont entremêlées avec celles et ceux qui détiennent le pouvoir économique. C’est vrai au Canada comme au Honduras. La solidarité nous met au défi de reconnaître ces liens internationaux et d’agir collectivement pour défendre les terres.

Dans la lettre aux Éphésiens, Paul nous exhorte à démasquer les œuvres des ténèbres. À les exposer sous les feux de la lumière. Pour nous qui vivons dans l’hémisphère nord privilégié, ces œuvres restent parfois obscures; mais sous les feux de la solidarité, lorsque nous accueillons le témoignage de nos partenaires, elles sont démasquées, et il devient alors possible pour nous d’agir et de promouvoir la vie contre les forces destructrices.

Auteur : Kiegan Irish, animateur pour l’Est et le Nord de l’Ontario, Développement et Paix – Caritas Canada
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