Réflexion du 20 mars 2022 – 3e dimanche du Carême

Lectures : Exode 3,1-8a.13-15 ; Psaume 102(103),1-2.3-4.6-7.8.11 ; 1 Corinthiens 10,1-6.10-12 ; Matthieu 4,17 ; Luc 13,1-9

Laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas. – (Luc 13,8-9)

La solidarité demande du temps

Il est facile de rejeter ce qui ne fonctionne pas comme nous le souhaitons. Le propriétaire du verger constate qu’un arbre ne joue pas son rôle, qu’il ne donne pas de fruit, et il décide de le remplacer. Mais le jardinier sait non seulement que l’arbre a de la valeur et mérite qu’on en prenne soin, mais encore qu’il serait risqué de le remplacer sans comprendre pourquoi il est en difficulté. Si le problème se trouve dans le sol, le nouveau plant pourrait avoir les mêmes problèmes.

Pour cultiver des communautés en santé, comme pour cultiver des plantes saines, il faut comprendre le contexte dans lequel elles vivent. Comme la qualité du sol pour les plantes, l’analyse des réalités sociales, politiques, économiques et écologiques nous aide à cerner les problèmes des communautés et le type d’intervention qui s’impose. De même qu’il ne suffit pas d’arroser une plante si le sol est contaminé, l’aide au développement, qu’il s’agisse d’éducation ou d’aide alimentaire, ne suffira pas si une communauté risque d’être chassée de ses terres.

La pauvreté dans le monde d’aujourd’hui n’est ni naturelle ni simple. Il n’y a pas de solutions rapides et faciles parce que la pauvreté est entretenue par un ordre mondial qui privilégie le profit du petit nombre au détriment du bien-être de tous. Ce même « désordre » sert le confort et la commodité des uns en déplaçant, en opprimant et en rabaissant les autres. La seule façon de s’en prendre à ces systèmes d’oppression complexes consiste à éliminer la distinction entre « nous » et « eux », et c’est précisément le sens du travail de solidarité.

Qui dit solidarité dit travailler ensemble en tant que partenaires, partager les joies et les luttes en abordant des enjeux qui nous concernent tous. Il s’agit de relever les défis des autres comme si c’était les nôtres, même si nous ne ressentons pas directement l’impact d’un problème ou l’efficacité de nos actions. La solidarité prend du temps. La solidarité demande de l’espérance. La solidarité exige de la persévérance. Nous ne voyons pas souvent les résultats immédiats de notre travail, mais nous percevons des signes ; et nous devons continuer à cultiver le Royaume pour lequel nous prions si souvent.

Au cours des 15 dernières années, Développement et Paix – Caritas Canada s’est efforcé de s’attaquer à un facteur de pauvreté auquel les Canadiennes et les Canadiens sont particulièrement sensibles : le non-respect des droits de la personne et de l’environnement par des entreprises qui interviennent dans les pays du Sud. Depuis des décennies, les communautés locales et les observateurs internationaux dénoncent les comportements contraires à l’éthique de nombreuses entreprises canadiennes et de leurs filiales, notamment le déplacement de communautés, l’irresponsabilité face aux impacts sociaux et environnementaux de leurs activités (dont la contamination des cours d’eau et des terres agricoles) et la violence à l’égard des leaders locaux qui défendent les droits de leurs communautés. Pourtant, le Canada n’a toujours pas de loi qui obligerait les entreprises canadiennes à prévenir les violations des droits de la personne dans le cadre de leurs activités à l’étranger. L’ombudsman canadien n’a toujours pas les pouvoirs nécessaires pour enquêter correctement sur les plaintes. Nous persistons donc à réclamer des changements, avec espoir et conviction, car nous savons que « le Seigneur fait œuvre de justice, il défend le droit des opprimés » (Psaume 102,6).

À la fin de la messe, on nous demande d’aller vivre l’Évangile, de le mettre en pratique dans nos vies. Faites-le avec nous, suivons l’exemple du jardinier et « bêchons autour » des problèmes de justice afin de cultiver un monde plus juste, où chacune et chacun puissent vivre dans la dignité.

Dès aujourd’hui, signez notre pétition pour la responsabilité sociale des entreprises, si vous ne l’avez pas déjà fait. Partagez-la avec vos proches, dans votre milieu et, c’est important, présentez-la à votre personne députée fédérale. Écoutez le témoignage de nos partenaires sur le terrain sur notre site Web et accueillez leur message d’espérance.

Il y a un an, bien peu de gens au Canada avaient entendu parler de « diligence raisonnable en matière de droits de la personne et d’environnement ». Aujourd’hui, un projet de loi visant à la mettre en œuvre est devant la Chambre des communes, et des milliers d’entre vous se sont joints à l’appel pour l’appuyer. Il n’est pas trop tard. Ensemble, continuons à faire preuve de solidarité.

Kathleen Cross, chargée de l’Assemblée d’orientation, Développement et Paix – Caritas Canada

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