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Réflexion du 21 mars, le dimanche de la solidarité (cinquième dimanche du Carême) : Le plaidoyer, un besoin pour la justice

Évangile : Jean 12, 20-23

Face aux inégalités dans le monde, le désir de justice est une réaction complètement normale. Mais pour les chrétiennes et les chrétiens, cette motivation n’est pas la seule. L’incarnation et la vie de Jésus nous montrent que la connaissance de Dieu entraîne la pratique de la justice. Dans la vie de Jésus, la prière tenait une grande place et elle l’a conduit à s’impliquer dans les réalités de la souffrance et de l’injustice. Ce choix de Jésus lui a fait connaître le conflit. Il a rencontré l’hostilité et l’opposition parce qu’il s’est engagé.

Aujourd’hui, la voix prophétique du pape François nous rappelle l’énorme disparité entre le Nord et le Sud. « Les ‘brigands de la route’ ont souvent comme alliés secrets ceux qui ‘passent outre en regardant de l’autre côté’ », dit-il en évoquant la parabole du bon Samaritain, et il dénonce ces complices « qui croient rester purs dans leur fonction importante, mais en même temps vivent de ce système et de ses ressources » (Fratelli Tutti, 75).

Il nous faut regarder en face notre propre complicité quand nous sommes témoins ou profitons du brigandage des ressources du Sud par les pays du Nord.

J’ai eu la chance de vivre comme missionnaire en Équateur et d’y collaborer avec le Réseau ecclésial panaméricain (REPAM). Pendant trois ans, j’ai accompagné la population de Tundayme, petite ville de la partie méridionale de l’Amazonie équatorienne. L’expérience de cette petite ville avec l’industrie minière démontre que les gens ne sont pas pauvres par hasard : ils sont systématiquement appauvris.

En 2000, une société canadienne est arrivée à Tundayme. Pendant 10 ans, elle a pratiqué une stratégie d’accaparement des terres, sous le signe de la dissimulation et de l’abus de confiance. En 2010, après avoir dépouillé les habitants de la ville de leur terre, cette société a tout vendu à une entreprise chinoise qui exploite actuellement une mine de cuivre et d’or à ciel ouvert. Ce faisant, la compagnie canadienne a réalisé des milliards de profits.

Privés de moyens de subsistance, les habitants de Tundayme n’ont d’autres recours aujourd’hui que de quémander des emplois précaires et mal payés à la société minière qui les a dépossédés de leurs ressources naturelles. Ils ne sont pas pauvres : on les a appauvris.

Devant une injustice aussi flagrante, il est nécessaire de mettre en place des mécanismes robustes de résistance légitime. Comme le recommande le pape François : « la société, à travers des organismes non gouvernementaux et des associations intermédiaires, doit obliger les gouvernements à développer des normes, des procédures et des contrôles plus rigoureux. » (Laudato Si’, 179)

Lors d’une audience de la Commission interaméricaine sur les droits de l’homme (CIDH) tenue à Washington le 17 mars 2017, le REPAM a mis en lumière le cas de Tundayme dans le cadre d’un exposé d’ensemble sur la situation en Amazonie. Ce fut un moment important pour de nombreux habitants de l’Amazonie victimes de sociétés multinationales et de politiques américaines néfastes : ils pouvaient enfin témoigner ouvertement, exposer eux-mêmes leur situation et réclamer justice.

Le REPAM n’aurait pas pu permettre à ces personnes d’aller témoigner à Washington sans l’aide financière de Développement et Paix, rendue possible grâce à votre générosité. Je vous remercie au nom de tous ceux et celles d’entre nous qui avons participé à cette audience de la CIDH. Cette forme de solidarité Nord-Sud est un signe de la miséricorde de Dieu.

Notre présence à des tribunes comme la CIDH est importante parce que « nous devrions tous insister sur l’urgence de ‘créer un système normatif qui implique des limites infranchissables et assure la protection des écosystèmes…’ ». (Querida Amazonia, 52)

Pour agir de façon cohérente, nous devons aussi avoir conscience du pouvoir que nous avons comme consommatrices et consommateurs et comme investisseurs. Nous ne pouvons ignorer le lien entre notre consommation, le comportement de nos sociétés extractives et la souffrance de tant de collectivités dans l’hémisphère sud.

Sur la voie de la solidarité, nous avons la grande consolation de rencontrer des compagnes et des compagnons de route. À un niveau plus profond, le chemin de la solidarité est aussi un chemin d’accomplissement et d’expériences spirituelles intenses. (Laudato Si’, 231, 232)

« Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance. » (Laudato Si’, 244)

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