Réflexion du 7 mars, troisième dimanche du Carême : Pouvons-nous purifier le Temple encore une fois?

Évangile : Jean 2, 13-25

Avant d’aborder cette réflexion, prenez d’abord le temps de lire le passage de l’Évangile de Jean.

C’est un très beau texte, très captivant. Mais pendant longtemps, je n’arrivais pas vraiment à le comprendre. Je n’aimais pas l’idée d’un Jésus en colère. Cela ressemblait trop au Dieu courroucé et tonitruant qu’on avait inculqué à mes parents. Je me sentais plus à l’aise avec des images plus tendres de Jésus : avec les petits enfants ou en quête de la brebis perdue. Ce Jésus-là me semblait bien relax!

Or voici qu’en ce troisième dimanche du Carême, on nous fait voir la colère de Jésus. Et il n’est pas seulement fâché : il est même indigné, enragé, furieux.

C’est lors d’une retraite pour femmes en Colombie-Britannique qu’une jeune missionnaire catholique m’a aidé à comprendre pourquoi Jésus s’emportait ainsi : c’est que les gens se mettaient en travers du chemin de Dieu et de ce qu’Il aimait.

Wow! Oui, c’est bien ce qu’elle m’a dit : parce que les gens se mettaient en travers du chemin de Dieu. Il fallait payer pour offrir un sacrifice au Temple. Si vous étiez riche, vous pouviez acheter un bœuf ou un mouton comme offrande. Et si vous étiez pauvre? Vous n’entriez pas. Vous n’aviez pas le droit.

À voir la réaction de Jésus devant cet état de choses, je pense qu’il en aurait long à dire sur notre système économique actuel, qui se fonde sur l’exploitation des êtres humains (le travail) et de la Terre (les ressources naturelles). Comme à Jérusalem à l’époque, les pauvres, ceux de l’hémisphère sud en particulier, sont toujours « exclus » par notre cupidité. En Amérique du Nord, nous profitons tous les jours de systèmes mondiaux qui nous font vivre dans l’abondance à leurs dépens. Et ces modèles d’exploitation ne se trouvent pas que dans les pays lointains. Ici même au Canada, nous pouvons voir ce que le « progrès » et le « développement » coûtent aux communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis.

C’est pourquoi bien des jeunes aujourd’hui vivent dans le deuil écologique : il nous faut composer avec les conséquences des choix et des décisions de ceux qui nous ont précédés.

Pardonnez-nous notre rage sourde, notre frustration, notre colère et notre douleur quand nous regardons le chaos et le désarroi de notre monde.

Nous sommes en deuil, nous les jeunes du monde, et nous demandons de changer les systèmes. Nous apprenons à donner la parole à ceux et celles qui sont les plus affectés par les changements climatiques, par le déclin des habitats et des espèces, par la perte des connaissances liées à la terre, quand ils nous parlent de leur vie, de leur foyer et de leur communauté.

N’étouffez pas la voix de l’esprit en nous quand nous avons l’audace et le courage de construire des mondes nouveaux.

Si vous êtes jeune, j’espère que vous continuez d’être à l’écoute de l’esprit de Dieu qui opère en vous, qui vous poursuit et qui vous appelle à lutter pour la justice.

Si vous êtes plus âgé.e, je vous pose la question : créez-vous un espace pour les jeunes? Dans votre église, votre communauté, votre apostolat, votre famille, les jeunes se sentent-ils chez eux? Comment allez-vous les soutenir, les encourager, leur donner les moyens d’être la lumière dont notre monde a besoin?

Puisse l’esprit de Dieu nous guider et nous amener à édifier des lieux de refuge et d’espoir en ce cher monde blessé. Par nous-mêmes, nous ne sommes rien; mais avec le Christ, et les uns avec les autres, nous pouvons réparer nos institutions et nos systèmes brisés afin que toutes et tous puissent vivre en enfants de Dieu et avoir part aux fruits et aux bénédictions de la bonne Terre qu’Il a créée.

Amen.

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