Un Avent de guérison : l’histoire de la famille Ram-Leng

Leng Vun (à gauche) et Ram Nga prennent un repas avec leurs enfants.

Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri; sauve-moi, et je serai sauvé, car tu es ma louange.

Jérémie 17,14

Les histoires comme celle de la famille Ram-Leng peuvent être puissantes, déchirantes et inspirantes. Elles démontrent qu’il est possible de réparer des vies déchirées par la dépendance et la violence domestique, même dans les circonstances économiques les plus difficiles.

La consommation d’alcool et de drogues, la pauvreté, le manque d’éducation et l’inégalité des sexes sont autant de facteurs associés à la violence domestique. Au Cambodge, où l’inégalité entre les sexes est très répandue, nous avons aidé notre partenaire DPA (Development Partnership in Action [partenariat de développement en action]) à mener un projet visant à accroître le revenu des ménages, la sécurité des moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la résilience aux catastrophes des personnes pauvres et vulnérables dans 14 villages. L’un des thèmes d’activités du projet, le développement fondé sur l’égalité des sexes pour améliorer les moyens de subsistance, vise à renforcer l’autonomie des femmes et à réduire la violence basée sur le genre.

Pour mettre fin à la violence domestique, DPA se sert d’un outil innovant, la Feuille de route sur le genre, qui traite des relations de pouvoir inégales entre les couples au sein des ménages. Par le biais d’ateliers et de séances de formation, d’orientation et de suivi, les couples sont initiés à de nouvelles modes de communication et d’interaction et sont accompagnés dans la conception et la mise en œuvre de leur propre feuille de route, leur chemin vers l’avenir qu’ils se souhaitent.

Le parcours de la famille Ram-Leng

Avant de se joindre au projet, Ram Nga,1 un ancien soldat souffrant d’alcoolisme et plongé dans la pauvreté, avait l’habitude de se disputer avec sa femme, Leng Vun, et parfois de la battre. Ce comportement faisait en sorte que sa famille était discriminée et marginalisée. Lorsque DPA a commencé à travailler dans leur village en 2016, Nga et Vun ont été identifiés par d’autres villageois pour participer aux activités de la feuille de route.

Nga et Vun ont par la suite reçu des formations sur des sujets allant des lois sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes aux effets négatifs de la consommation d’alcool. Ils ont également reçu des poulets, des graines de légumes et un système d’irrigation goutte à goutte, ainsi qu’une formation technique sur l’élevage des volailles et la culture des légumes et du riz.

Dans le cadre du plan familial qu’ils ont élaboré, Nga, pêcheur de métier, a d’abord réduit sa consommation d’alcool et a commencé à aider Vun à la maison, par exemple en fabriquant un poulailler, en s’occupant des poulets, en cultivant des légumes pour la famille et en aidant Vun à faire le ménage et à cultiver du riz. En 2017, il a complètement arrêté de boire et a développé leur production de volailles, de légumes et de riz. Plus tard, le couple a acheté un petit champ, où ils ont planté du riz deux fois par an, ce qui a considérablement augmenté leur revenu. De plus, Nga s’est efforcé de parler doucement à sa famille et de discuter avec ses enfants de leur avenir.

Leurs efforts ont porté fruit

Grâce aux changements apportés dans le cadre de leur plan familial, Nga et Vun jouissent aujourd’hui non seulement d’une sécurité alimentaire tout au long de l’année, mais aussi d’une harmonie au sein de leur famille. Leur foyer n’a pas vu de violence domestique depuis 2017. Nga partage même que ses enfants ont commencé à lui témoigner leur amour et à l’écouter davantage. Vun dit fièrement : « Mon mari s’est révélé être un bon mari et un bon père pour mes enfants. » Elle apprécie que Nga leur parle maintenant en employant « des mots doux et aimables ». Elle ajoute : « Je l’aime beaucoup. »

De plus, la famille est désormais respectée dans la communauté. Nga est devenu un modèle, sensibilisant d’autres couples mariés locaux victimes de violence domestique. « Je suis fière de mon mari », s’exclame Vun.

De la réflexion naît la gratitude

En réfléchissant au passé, Nga décrit la violence domestique comme un mal. Il éprouve également un fort sentiment de honte. Il avait l’habitude d’emprunter de l’argent aux voisins pour nourrir sa famille, car il dépensait des sommes importantes en alcool. Depuis qu’ils se sont joints au projet, Vun gère l’argent de la famille et met même de côté de quoi payer l’éducation des enfants.

Remerciant notre partenaire DPA d’avoir aidé sa famille, Nga considère le projet comme « ma réussite dans la vie ». Il conclut : « Ma famille est maintenant très heureuse, car mon comportement a changé de façon positive. »

Un changement durable

Le processus de guérison comporte de nombreuses étapes, et chaque rétablissement de la violence domestique est différent. Cependant, ce qui est nécessaire avant tout, c’est un véritable désir de changer et un engagement à le faire. D’autres facteurs, comme la pauvreté et les dépendances, doivent également être pris en compte pour favoriser un changement durable.

L’histoire de la famille Ram-Leng nous démontre que les chances de réussite peuvent être accrues lorsque d’autres membres de la communauté sont impliqués d’une manière qui tient les gens responsables de modifier leur comportement abusif. En plus de protéger les victimes, de telles interventions communautaires changent les mentalités profondément ancrées en matière des relations entre les sexes.

Aujourd’hui, Nga et Vun partagent leurs expériences pour aider les autres, ainsi montrant qu’il existe un moyen de sortir des cycles de la violence domestique et un chemin vers la guérison et le rétablissement.

Votre générosité permet à nos partenaires du monde entier d’aider des familles comme celle de Nga et Vun à se remettre et à bâtir leur vie.


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  1. Dans les nomenclatures khmères, le patronyme précède le prénom.

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