Un Avent de résilience : l’histoire des maisons fortes

Par Minaz Kerawala, Conseiller en communications et relations publiques

La maison dans laquelle Laroche Carole vit avec ses trois enfants a survécu à un important tremblement de terre en Haïti il y a quelques mois.

Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite.

Luc 6,47-48

« Elles se tiennent encore bien droites, alors que la destruction s’étend pourtant à perte de vue », écrit Vincent Larouche dans La Presse du 19 août 2021.

Le journaliste faisait référence à un groupe de maisons exceptionnelles qui ont résisté au séisme de magnitude 7,2 qui avait frappé Haïti cinq jours auparavant. Les maisons que M. Larouche a trouvées debout devaient une partie de leur robustesse à la solidarité de milliers de sympathisantes et de sympathisants de Développement et Paix ― Caritas Canada.

La solidarité après la tempête

Quelques jours après que l’ouragan dévastateur de catégorie 5 Matthew a frappé Haïti en octobre 2016, Développement et Paix a lancé un appel aux dons, auquel les Canadiennes et les Canadiens ont répondu avec la générosité qui les caractérise. Cela a permis à nos partenaires de répondre aux besoins immédiats de la population touchée en matière d’abris, de fournitures d’hygiène et de nourriture, et d’aider les femmes à assurer la sécurité alimentaire de leurs communautés à moyen terme.

Développement et Paix avait décidé de soutenir les partenaires qui pouvaient aider les groupes les plus vulnérables dans les régions les plus reculées du pays, où la plupart des organismes n’avaient pas les liens et les capacités nécessaires pour intervenir et que les secours rejoignaient généralement en dernier.

Cette décision a été déterminante dans le mode de construction des maisons qui ont survécu au tremblement de terre du 14 août 2021.

Pour le peuple, avec le peuple, par le peuple

Notre partenaire, l’Institut de technologie et d’animation (ITECA), a dirigé le programme de reconstruction consécutif au passage de l’ouragan dans la commune rurale haïtienne de Cavaillon, où des centaines de maisons ont été endommagées sans espoir de réparation. Compte tenu du budget limité, il a été initialement décidé de reconstruire 100 maisons.

Avant de commencer les travaux, l’ITECA a mené des consultations d’envergure auprès de la communauté locale pour bien comprendre ses besoins et ses aspirations. Le directeur de l’ITECA, Chenet Jean-Baptiste, ne voulait pas non plus encourager « la passivité des populations face aux distributions et aux opérations d’aide ».

La communauté voulait que les nouvelles maisons soient résistantes aux séismes et aux ouragans. Pour préserver le sentiment d’autonomie des habitants, il a été décidé de rendre le processus de construction aussi participatif que possible. Ces deux impératifs ont posé plusieurs défis.

Compte tenu des coûts supplémentaires qu’entraînerait une construction de meilleure qualité et plus participative, il a finalement été décidé de limiter le projet à la construction de 25 nouvelles maisons. Les familles ont été invitées à effectuer elles-mêmes les travaux d’excavation et à fournir des matériaux de construction représentant environ un tiers des 9 000 $ que coûterait chaque nouvelle maison.

Même cette contribution relativement modeste s’est avérée très lourde. Malgré le temps requis pour ce faire, les familles ont rempli les conditions avec joie et fierté. Pourtant, les maisons n’ont été construites que plusieurs mois plus tard, après que de nombreux obstacles logistiques liés à l’éloignement de la région ont finalement été surmontés.

Noé Lacombe, le chef d’une coalition de la société civile locale qui a collaboré avec l’ITECA sur le projet, a déclaré : « Aujourd’hui, les gens sont fiers de leurs maisons et des sacrifices qu’ils ont faits pour les construire. C’est une démarche qui respectait leur dignité ».

Une approche éprouvée

Après avoir emménagé dans l’une des nouvelles maisons, qu’elle avait travaillé fort pour aider à construire, Laroche Carole, mère de trois enfants, a déclaré : « J’aime tout dans ma nouvelle maison. Je n’avais plus rien, mais aujourd’hui j’ai un toit où faire vivre ma famille ». Ses sentiments ont été partagés par Jean-Claude Exil, qui a décrit sa nouvelle maison comme « une richesse », appréciant particulièrement son réservoir d’eau, un équipement précieux dans une région où l’eau potable peut être difficile à trouver.

Construites à la sueur de leur front et selon leurs spécifications, les maisons ont toujours été chères à la population. Cependant, leur valeur aux yeux de la population s’est considérablement accrue après le tremblement de terre du 14 août 2021. En plus de faire plus de 2 200 victimes, le séisme a détruit ou endommagé plus de 137 000 maisons1. Mais à l’exception de dommages mineurs, principalement subis par des extensions ajoutées par les propriétaires, ces 25 maisons ont tenu bon.

Ce n’était pas non plus la première fois que des maisons construites avec l’aide de Développement et Paix survivaient à une catastrophe. Même les rafales de l’ouragan Matthew n’ont pas pu détruire les maisons que l’ITECA avait construites après le tremblement de terre de 2010 en Haïti.

Ces maisons robustes sont la preuve concrète de la valeur et de la validité de l’approche à long terme de Développement et Paix, axée sur les personnes. Seul un travail soutenu, patient et clairvoyant peut rendre les communautés ainsi résilientes aux catastrophes naturelles, aux conflits et aux changements climatiques. Et un tel travail n’est pas possible sans votre soutien.


À lire aussi :

  1. Rapporté par la Direction générale de la protection civile d’Haïti.

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