Réflexion hebdomadaire du 21 février, premier dimanche du Carême : Rendez-vous au désert

Évangile: Marc 1, 12-15

Nous entrons en carême cette semaine – ou en quarantaine, pourrait-on dire. Pas si tentant, depuis que ce mot rime pour nous avec « confinement ». Pourtant, nous pourrions regarder cela autrement et nous dire que nous prenons un temps de recueillement.

« J’ai toujours aimé le désert », disait Saint Exupéry dans Le Petit Prince. « On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant, quelque chose rayonne en silence. » C’est donc au désert que l’Esprit conduit Jésus, dès le premier chapitre de l’Évangile de Marc. Tout commence là pour lui – par un cœur à cœur avec Dieu pour découvrir comment recevoir cette double identité en lui : Jésus de Nazareth, Fils bien-aimé de Dieu ?

En se joignant au peuple qui venait se faire baptiser par Jean, Jésus a manifesté sa solidarité avec tous ces humbles gens qui sentaient un appel à changer de vie. C’est pour cela qu’il a marché vers le Jourdain. Où cette solidarité avec eux et cette intimité avec Dieu au désert vont-elles le conduire? Déjà la voie est tracée : un verset nous donne la clé pour comprendre le programme de Jésus.

« Les temps sont accomplis; le règne de Dieu s’est approché. »

« Convertissez-vous, croyez à l’Évangile, à la Bonne Nouvelle. »

L’aventure se répète pour nous aujourd’hui. Nous sommes invités, en ce début de carême, à une halte au désert, à un cœur à cœur avec Jésus, pour nous recueillir et nous remettre en route. Madeleine Delbrêl a cette belle image pour décrire la conversion : « nos racines sont en terre, il faudrait les mettre au ciel ». Ce temps de recueillement s’impose pour nous; l’amour et la fraternité nous y conduisent.

Pour animer notre marche à la suite de Jésus, je propose un poème de Félix Leclerc :

J’ai deux montagnes à traverser
Deux rivières à boire
J’ai six vieux lacs à déplacer
Trois chutes neuves à mettre au lit Dix-huit savanes à nettoyer . . .

Et un Royaume de paix, de justice et de joie à continuer à bâtir avec les plans de l’Évangile. Tout un labeur !

Il faut s’entraîner à voir et à entendre les urgences de notre monde : catastrophes naturelles, crises humanitaires, guerres, migrations forcées, pandémies… Nous oublions parfois à quel point elles nous concernent toutes et tous. Les nouvelles quotidiennes ne s’y attardent pas longtemps; et sans un effort volontaire de notre part pour se renseigner, nous risquons de rester déconnectés, impuissants.

N’oublions pas : « Le Royaume de Dieu s’est approché ». Cela peut sembler utopique, radical, au-dessus de nos moyens, mais Dieu travaille avec nous. Ensemble, nous devons avoir ce Royaume à cœur. Rappelons-nous qu’il n’y a rien de vraiment humain qui ne peut trouver écho dans nos cœurs.

Voici un plan d’action pour débuter notre retraite au désert :

L’Évangile nous est confié. Nous ne pouvons pas laisser la parole de Dieu dormir en nous.