Notre programme

Au fil des années

Développement et Paix est présent en Haïti depuis les années 1970 et a une très bonne connaissance des organisations locales. Nous sommes donc bien outillés pour œuvrer efficacement au changement social, pour renforcer la capacité des Haïtiennes et des Haïtiens à assurer leur propre développement et pour répondre aux désastres liés au climat.

Notre travail est très respecté par le peuple haïtien et par d’autres organisations non-gouvernementales, et nous sommes en mesure d’atteindre des résultats importants. Nous avons aidé les communautés à passer de bénéficiaires d’aide humanitaire à participants à part entière dans des projets communautaires de développement à long terme, et nous avons renforcé les organisations locales pour qu’elles soient au premier plan des programmes d’aide d’urgence. Par exemple, à la suite de l’ouragan Matthew en 2016, nous avons aidé les organisations locales à construire 25 maisons à Cavaillon, une ville très touchée par cet ouragan. Nous étions contents d’apprendre plus tard que ces maisons avaient résisté au tremblement de terre de 2021.

Notre approche renforce la dignité des Haïtiennes et des Haïtiens et les place au premier plan de leur propre développement — une antithèse au cycle sans fin d’assistanat et de dépendance engendré par de nombreux programmes d’aide internationaux en Haïti dans les dernières décennies. Notre approche en est une de la base vers le sommet et s’appuie sur les organisations communautaires pour pousser les autorités à faire leur travail et à rendre des comptes. Nos projets recherchent toujours l’appui des autorités locales qui défendent l’appropriation locale. Nous soutenons les efforts de plaidoyer de nos partenaires auprès de leur gouvernement pour opérer des changements.

Notre travail de longue haleine auprès des groupes de femmes est respecté et a porté des résultats importants, comme de s’être attaqués à l’impunité des auteurs de viols, d’avoir renforcé la capacité des femmes à obtenir davantage de respect dans la société, et d’avoir entraîné des changements d’attitude à l’égard des femmes. C’est sur cette importante assise d’expérience et de résultats que nous élaborons notre approche de travail aujourd’hui. 

Les projets en cours

Notre travail vise à réduire la vulnérabilité des Haïtiennes et des Haïtiens face aux effets néfastes des changements climatiques. Le programme post-tremblement de terre que nous soutenons dans le département du Sud vise la reconstruction de 40 maisons pour des familles de Cavaillon qui ont perdu leur toit. Ce programme aide aussi les paysans à produire de la nourriture pour leur consommation et pour vendre sur les marchés locaux, grâce à l’accès au crédit.

Nous faisons la promotion de techniques agro-écologiques pour contrer l’érosion produite par les changements climatiques. Nous travaillons avec les femmes paysannes pour renforcer leur résilience et leur autonomie, en soutenant la production de volailles et d’œufs, de fruits et de légumes, ainsi que la création de coopératives qui renforcent la participation des femmes. Notre approche en est une de souveraineté alimentaire: augmenter la production alimentaire au niveau local et réduire la dépendance aux importations alimentaires. 

Nous travaillons aussi avec des groupes de femmes qui offrent de l’aide médicale, légale et psychosociale aux victimes de violence basée sur le genre. Cela implique un vaste programme de sensibilisation à la situation des femmes, mettant l’accent sur la prévention et la réduction de la violence; cela implique aussi de s’engager avec des groupes d’hommes, dont des musiciens, des chauffeurs de taxis et de camions, pour leur offrir des modèles de masculinité positive.

Les perspectives

Nous espérons le retour d’une certaine stabilité politique et d’un gouvernement opérationnel en Haïti qui permettront à nos partenaires de travailler de manière plus efficace pour augmenter la production agricole locale, nourrir les communautés rurales, et générer des revenus pour les petits paysans. De telles initiatives réduiront la dépendance aux produits alimentaires importés. L’augmentation de la stabilité politique permettra à nos partenaires de développer des initiatives de tourisme écologique. Nous prévoyons de continuer à travailler auprès des communautés qui ont bénéficié des programmes post-tremblement de terre, avec des initiatives de développement à long terme pour renforcer leur résilience et réduire leur vulnérabilité face aux prochaines catastrophes liées au climat.  

Développement et Paix a beaucoup investi en Haïti, et continuera de le faire.

La situation

Le contexte économique et politique de notre soutien à la population haïtienne

Haïti est l’un des pays les plus pauvres du monde. Plus de la moitié de la population y vit dans l’extrême pauvreté, et les besoins humanitaires sont énormes.

Dans une société dominée par les hommes, les femmes sont particulièrement vulnérables. Déjà affectées par la violence basée sur le genre, dont le féminicide, les femmes sont victimes de discrimination et ont un accès limité aux opportunités économiques.

Même si l’empreinte carbone d’Haïti est l’une des plus faibles au monde, c’est l’un des trois pays les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques, tels l’érosion des sols et les phénomènes météorologiques intenses comme les ouragans et les inondations. Le pays est aussi situé sur une importante ligne de fracture sismologique.

Haïti est encore marquée par l’assassinat de son président impopulaire, Jovenel Moïse, assassiné dans sa chambre le 7 juillet 2021. Les tueurs sont toujours en fuite, le mandat du parlement est échu, et le gouvernement est dysfonctionnel. Le vide de pouvoir a laissé la place aux gangs criminels qui prolifèrent et font des enlèvements contre rançon en toute impunité. Les institutions de l’État ont pratiquement toutes cessé de fonctionner.  

Un mois seulement après l’assassinat du président, un autre important tremblement de terre de 7,2 sur l’échelle de Richter a frappé Haïti. Cette fois c’est la péninsule sud du pays qui a été frappée, dans les mêmes zones que l’ouragan de catégorie 4 Matthew, en octobre 2016. Contrairement au séisme de 2010 qui avait détruit Port-au-Prince, ce dernier tremblement de terre a frappé les régions rurales, ce qui a limité les pertes de vie à environ 2 500 personnes (comparativement à 280 000 en 2010). Cependant, plus de 80 000 familles ont perdu leurs maisons et leurs écoles, les routes ont été endommagées, et plusieurs producteurs ont perdu leurs récoltes.

Aujourd’hui, les gangs criminels contrôlent de grandes parties du pays et bloquent les routes d’accès et de sortie de la capitale. Une pénurie de carburant a créé une inflation galopante et des pénuries de nourriture. De nombreux Haïtiens sont confrontés à l’insécurité alimentaire et certains même à la famine. À la suite de l’imposition de sanctions en novembre 2022, Développement et Paix a demandé au gouvernement du Canada d’en faire plus et d’écouter la population locale afin de trouver des solutions durables.